Vigilance météo
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La neige en Belgique en février

Février est le mois de la neige par excellence en Belgique. C’est ce mois-là que l’on rencontre les plus grandes épaisseurs, mais aussi les plus grandes fréquences de neige au sol. 

Des statistiques récentes (1984-2014) nous montrent qu’à Elsenborn, on observe en moyenne 15 jours de couverture neigeuse complète en février. En Moyenne Belgique, ce nombre tourne autour de 5 et en plaine, il passe de 2 (littoral) à 5 (Campine) au fur et à mesure qu’on se dirige vers l’est. 

Si l’on y ajoute les jours à couverture neigeuse incomplète, on arrive à 18 à Elsenborn, chiffre plus ou moins équivalent à ce qu’on observe sur le plateau des Hautes-Fagnes.

En outre, février est le seul mois où chaque année, au moins un endroit de Belgique a été blanchi par la neige, du moins depuis 1962. Dans les années antérieures, il semblerait que février 1959 n’ait pas connu la moindre neige. Ce mois a été extraordinairement ensoleillé et doux sur les hauts plateaux de Belgique, au-dessus d’une inversion tenace qui a laissé les autres régions dans la brume et dans le froid, mais sans précipitations.

Voici, date par date, les événements neigeux les plus intéressants de février.

L'hiver 1962-1963 aura sans doute été le plus terrible du XXe siècle.
En février 1963, dû à la persistance du froid depuis près de deux mois,
une véritable banquise se forme sur la Côte belge !
Photo : edo 


Février

1er février 1953

C’est sans conteste l’événement neigeux le plus intense que la Belgique n’ait jamais connu. En Haute Belgique tout au moins car en plaine, il a fait tout juste trop doux pour que l’événement se produise.
La tempête, qui a dévasté la Zélande dans la nuit du 31 janvier au 1er février, arrive en Ardenne quelques heures plus tard en y générant un véritable blizzard. À Saint-Hubert, le vent souffle jusqu’à 100 km/h et d’énormes congères se forment aussitôt. À Botrange, avec 48 cm, c’est la plus haute couche de neige fraîche jamais mesurée en 24 heures. Mais cette mesure ne prend pas en compte les congères, qui atteignent là plusieurs mètres de hauteur.

Les témoignages sont éloquents :
« À Raeren (près d’Eupen), les préparatifs pour le Carnaval vont bon train puisque le "Rosenmontag", c’est pour le 9 février. En ce samedi 31 janvier, il fait sec et "pas froid du tout". Mais le soir, le vent se met à souffler fort, avec quelques flocons de neige.
« Après avoir bien bu, dansé et rigolé à 400 dans une salle de fête, plus personne ne reconnaît le paysage dehors. Le vent hurle entre les maisons et la neige tombe horizontalement. À Herbesthal (juste à côté de Welkenraedt), les voitures se retrouvent sous un mètre de neige.
« Dans les campagnes, un chemin creux menant à une ferme se retrouve rempli de neige : deux mètres de neige accumulés dans ce ravin ! Le dimanche matin (1er février), de gros tas de neige se sont formés contre les murs d’une autre ferme, des dunes de 4 à 5 mètres de haut !
« À Küchelscheid (à mi-chemin entre Ovifat et Montjoie, juste sur la frontière), les congères atteignent deux mètres, voire plus. Se frayer un chemin dans la neige équivaut à creuser un tunnel.

Neige dans les Cantons de l’Est en ce début février 1953
Photo : Humo

À Uccle par contre, la neige du matin est rapidement suivie de neige fondante, puis de pluie avec une accumulation maximale de 1 cm. À Florennes, il neige plus longtemps mais là aussi, la neige finit par se transformer en pluie, la limite du gel se trouvant à quelques 400 mètres d’altitude.

2 février 1953

À Botrange et à Saint-Hubert, il neige quasi sans discontinuer, depuis 48 heures, toujours par vent fort. Dans les Hautes-Fagnes, la couche de neige, hors congères, atteint déjà le mètre !
Par exemple Commanster (près de Vielsam), Küchelscheid (près de la frontière allemande), Luzery (Bastogne), Marvie (Bastogne), Sibret (Bastogne) et Thommen (près de Saint-Vith) sont toujours coupées du monde. À Eupen et à Bastogne, on creuse des « tranchées » pour ravitailler les magasins et les rendre accessibles. Mais parfois, il faut parcourir trois kilomètres rien que pour trouver du lait ! Küchelscheid ne sera « libérée » par l’armée qu’au cinquième jour de l’offensive neigeuse !

2 février 1855

Une terrible journée d’hiver sous la neige. À huit heures, le thermomètre affiche –16,7°C à Bruxelles ! Et tout commence la veille, en crescendo. « Hier, 1er février, nous avons eu la journée d’hiver la plus caractéristique et la plus rude de cette année. Le verglas au matin, la neige toute la journée, le givre, la brume, et, par dessus tout, la bise aiguë, tout se réunissait pour composer une température septentrionale complète. Cette nuit, le ciel s’est éclairci, mais le froid a augmenté d’intensité. Le thermomètre est descendu au-dessous de –16 degrés. » (L’Indépendance belge)
Notons que le 5 février, le toit du marché couvert (établi à l’époque en contrebas de la place du Congrès) s’effondre sous le poids de la neige, rendue lourde par un dégel (+3 à +6°C) rapide et pluvieux !

2 février 2010

La neige atteint 66 cm à Mont-Rigi, la plus haute couche du 21e siècle jusqu'à présent en février.

4 février 2012

Peu de neige mais un froid de canard ! Au-dessus d’un mince tapis blanc, la température descend jusqu’à –19,4°C à Strée (entre Beaumont et Thuin), –18,4°C à Retie (près de Turnhout), –17,5°C à Ernage (Gembloux), –16,7°C à Gosselies et même –16,0°C à Knokke !

Une première décade de février 2012 très froide, très sèche et à l'ensoleillement très généreux.
Soleil d'hiver sur les lacs de l'Eau d'Heure pris par la glace.
Photo : Linda Boghmans.

4 février 1963

Au cours du plus long épisode neigeux de l’histoire dans les Hautes-Fagnes (123 jours consécutifs), la neige atteint son maximum de cet hiver-là, en l’occurrence 84 cm !
Durant ce même mois, des « dunes » de glace et de neige se forment le long de la côte belge !

Ostende en février 1963.
Photo : Kust erfgoed

7 février 1917

Une mince couche de neige gelée (5 cm) à Bruxelles, mais déjà le vingtième jour consécutif où il ne dégèle pas, même pas en journée. La vie est dure pendant la Grande Guerre.

« Les pauvres sont bien à plaindre. Le charbon manque presque totalement. Le chemin de fer est réservé aux transports militaires. Les bateaux sont prisonniers dans les canaux. Les chantiers sont vides. Beaucoup de personnes, minées par les privations, succombent de froid facilement. » Témoignage d’Antoine Laurenty (Les carnets d’un citoyen belge, 1914-1918). 

Pendant ce temps, sur l’Yser…

 8 février 2007

La période du 6 au 8 février a été la seule période avec de la neige (irrégulière) au sol dans la plupart des régions au cours de cet hiver-là qui, jusqu’à aujourd’hui, est le plus doux jamais enregistré. Ça valait bien une photo !

 La neige fut rare cet hiver 2007 et les jours d'enneigement se comptent sur les doigts
d'une main en moyenne Belgique. 
Ce fut le cas entre autres le matin du 8 février 2007,
comme ici à Colfontaine en province de Hainaut. 
Photo : Delphine Nee

8 février 1985

Des pluies soutenues, tombant par températures négatives, en surfusion, forment un gigantesque verglas, bientôt suivi de neige, puis à nouveau de pluie. Mais la neige ne fondra pas, pas plus que le verglas, et la situation persistera le lendemain encore, avec une alternance de pluie et de neige par températures négatives.

9 février 2018

Le non-événement ultra-médiatisé ! On attend 2 à 5 cm de neige… présentés comme un phénomène exceptionnel ! Et pour finir, il ne tombera même pas ça ! Pas mal d'ironie a d'ailleurs circulé sur les réseaux sociaux à ce propos. Malgré cela, nous avons une photo de notre plus belle station balnéaire sous la neige !

La côte belge (Ici la station balnéaire du Coq) sous la neige le 9 février 2018.
Photo : Webcam du Coq

9 février 2021

Neige et lockdown.
Dans le cadre d’une petit coup de froid, la neige est présente (depuis la veille déjà) sur la quasi-totalité du territoire. Mais la répartition est fort inhabituelle. C’est l’extrême nord du pays qui observe le plus de neige avec près de 10 cm. Au centre du pays, ces épaisseurs varient entre 3 et 4 cm pour 1 cm seulement sur le plateau des Hautes-Fagnes.
En journée, le ciel dégage sur une bonne partie du pays, avec des conditions hivernales on ne peut plus agréables. Malheureusement, le lockdown – et l’impossiblilité d’aller se réchauffer dans un café – ne nous permet pas d’en profiter pleinement.
Ce petit hiver durera plusieurs jours, puis fera place, à la fin du mois, à une douceur extrême avec des 20°C dépassés par endroit, notamment le 24 février du côté de Liège.

Courtrai sous la neige, le 9 février 2021

9 février 1953

La couche de neige finit par atteindre 115 cm à Botrange, la plus haute couche mesurée officiellement en Belgique ! Dans les Cantons de l’Est, c’est le « Rosenmontag » le plus enneigé de l’histoire !

10 février 1956

Le mois est glacial et le 10 n’échappe pas à la règle. Après un début de mois presque sans neige, celle-ci tombe en ce 10 février sous un vent turbulent de nord-est, en petites quantités mais avec des phénomènes de chasse-neige responsables d’accumulations neigeuses rendant certaines routes impraticables.

10 février 1929

Des chutes de neige persistant toute la journée donne des couches de 10 à 20 cm dans la région de Bruges.

10 février 1902

Une très forte averse de neige, mais très localisée, donne 35 cm de neige à Uccle ! À 15h15, il commence tout doucement à neiger, puis de plus en plus fort et ce, jusqu’à 23h15. Les disparités entre les différentes communes de Bruxelles sont énormes : Uccle : 35 cm, Bois de la Cambre : 32 cm, Boîtfort : 25 cm, Bruxelles-ville : 19 cm.
« En une heure ou deux, Bruxelles est devenu blanc comme l’intérieur d’un moulin. En quatre heures de temps, la circulation est à peu près arrêtée entre le haut et le bas de la ville et fortement troublée dans les boulevards du centre.
« L’aspect de la ville, dans la soirée, était des plus curieux. Les rues étaient encombrées de chariots, de camions, de trams, de voitures, de pousse-cul, de charrettes-sandwichs, de véhicules de toutes sortes, en panne dans la neige qui s’épaississait. » (Le Vingtième Siècle)
Curieux aussi : à Anvers, pendant ce temps, on ne mesurait que 3 cm, tout comme à Bouillon (!)

11 février 1952

La neige atteint 105 cm d’épaisseur à Botrange. C’est un record… qui sera déjà battu moins d’un an après ! À noter que la veille, on a mesuré 78 cm à Saint-Hubert.

12 février 1991

 La courte mais intense vague de froid de février 1991 amène la neige jusqu’au littoral : à Middelkerke, on mesure 14 cm. A noter que la neige est souvent tombée en abondance sous des températures parfois largement inférieures à -5°C ce qui est plutôt inhabituel. (Voir aussi notre article sur le bilan de cette vague de froid 1991 ici)

Vue enneigée des plaines de Fontenoy prise en février 1991.
Photo : A. Tripnaux (ASBL "Le Tricorne")

15 février 1956 

Un radoucissement temporaire du froid sibérien, lié à un vent fort de nord-ouest, provoque des chutes de neige cette fois-ci très abondantes sur l’ouest du pays. À Middelkerke, la couche atteint 23 cm, tout comme à Chièvres, tandis que Wevelgem (Courtrai) monte à 26 cm et Ramegnies (au sud de Leuze-en-Hainaut) atteint 34 cm !
(Voir aussi notre article sur ce mois de février 1956 hors normes ici)

16 février 1969

Une tempête de neige d’une rare violence affecte tout l’est de la Belgique, parfois jusqu’à basse altitude. Cette neige, tombée dans le cadre d’un mois de février particulièrement neigeux, donnera au cours de ces jours des épaisseurs exceptionnelles : 95 cm à Neu-Hattlich (entre Eupen et Montjoie), 72 cm à Spa-Malchamps (aérodrome), 55 cm à Ouffet (près de Hamoir), 42 cm à Bierset, 35 cm à Brustem (près de Saint-Trond) et encore 29 cm à Kleine Brogel. À Saint-Nicolas (Liège), une partie de la toiture du stade de Tilleur s’effondre sous le poids de la neige ! Officieusement, on parle même de couches jusqu’à 130 cm dans les Hautes-Fagnes.

18 février 1895

Le service de tram Ans – Oreye – Saint-Trond est interrompu en raison des fortes chutes de neige.

19 février 1860

D’impressionnants orages de neige traversent le pays.
En Ardenne, l’orage est accompagné de très fortes chutes de neige et les voitures [à l’époque encore tirées par des chevaux] n’y circulent que sur traîneau comme en pleine Russie. À Charleroi, l’orage qui éclate à 9 heures du soir provoque une grêle épaisse, puis de la neige avec une forte baisse de la température. Le matin, la neige a au moins « un pied » d’épaisseur dans la ville et la campagne environnante. À Courtrai par contre, il ne fait juste pas assez froid. Éclairs, tonnerre et grêlons à 7 heures du soir puis… une pluie battante ! 

21 février 1942

Une tempête de neige secoue le Condroz. Avec le phénomène de chasse-neige qui l’accompagne, le temps est parfaitement polaire… et surtout très pénible en ces temps de guerre. À Saint-Hubert, la couche atteint 80 cm depuis 5 jours (services météo allemands). Tout près de notre frontière, on relève 93 cm à Montjoie et 96 cm à Sneifelforsthaus, ce qui laisse penser que la couche a peut-être été supérieure à 1 m sur nos Hautes-Fagnes.

21 février 1901

Au-dessus d’une bonne couche de neige, les températures descendent excessivement bas dans certaines régions du pays, comme à Stavelot avec –25,0°C, Ville-du-Bois (Vielsalm) avec –26,4°C et Bernistap (Houffalize) avec –29,5°C (!)
Parmi les températures reconnues, cette valeur de –29,5°C occupe la quatrième position des températures les plus froides de Belgique, après les –30,5°C du Barrage de la Gileppe (janvier 1942), les –30,1° de Rochefort (janvier 1940) et les –29,8°C de Ville-du-Bois (février 1895).
Un gros travail d’encodage d’anciennes données est actuellement en cours à l’IRM et des valeurs encore plus basses pourraient être découvertes. C’est ainsi qu’une température de –30,6°C (mesurée à Zoutleeuw en janvier 1940) est actuellement à l’étude et peut-être en attente d’être validée.

24 février 1942

L’hiver très rigoureux de 1941-1942 n’a toujours pas dit son dernier mot. Tout le sud du pays est paralysé par la neige. Dans la région d’Arlon – Martelange – Bastogne, le trafic est totalement interrompu déjà depuis trois semaines. Si l’épaisseur moyenne de la neige y est estimée à 60 cm, certaines congères atteignent deux mètres !

26 février 2018

Neige industrielle ! 
Une petite instabilité dans un air qui est déjà froid depuis plusieurs jours permet la formation de quelques cumulus accompagnés de l’un ou l’autre flocon de neige. Mais le vent d’est-nord-est qui nous vaut ce froid, avant d’arriver chez nous, passe au-dessus des bassins industriels. Les cumulus précités, au-dessus des bassins industriels allemands, ont reçu un coup de pouce dans leur développement grâce à la chaleur et la vapeur d’eau des fumées d’usine, mais aussi par une présence plus grande de noyaux de condensation issus de ces mêmes fumées. Ceci a permis, très localement, de former de grosses averses de neige qui, avec les courants généraux, se sont ensuite déplacées vers la Belgique.
Notamment les régions de Hannut et de Waremme ont été touchées, mais l’aéroport de Charleroi, aussi, a reçu ses 2 cm de neige.

Photo : S.v Delfosse

27 février 2005

Au cours d’une offensive hivernale tardive et inattendue, la couche de neige atteint 58 cm à Elsenborn.

Sentier enneigé sur les hauteurs de Manhay le 22/02/2005. 
Photo : J. Janne

28 février 2015

Pendant ce mois qui s’achève, le sol de Mont-Rigi, tout comme celui de Wirtzfeld, a été non seulement enneigé tous les jours du mois, mais la couverture neigeuse a aussi été constamment complète. Un enneigement aussi constant n’est pas très fréquent, même pas dans les Hautes-Fagnes.

Superbe vue de Xhoffraix, dans nos Hautes Fagnes, au petit matin du 4 février 2015 :
une épaisse couche de neige et -7°C au thermomètre.
Photo : Alexis Papapanayotou. 


Voir aussi nos autres articles sur la climatologie de la neige :

Voir aussi nos autres articles sur la climatologie de la neige :

en automne (octobre et novembre) (voir ici),
en décembre (voir ici),
en janvier (voir ici),
en février (voir ici),
en mars (voir ici),
en avril (voir ici),
en mai (voir ici).

L'enneigement à Uccle : étude statistique

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