30 et 31 mars 2021 : records de chaleur !
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- Publication : jeudi 1 avril 2021 00:00
- Écrit par : Robert VILMOS
Des températures records pour un mois de mars ont été enregistrées ces 30 et surtout 31 mars 2021. A Uccle, la température est ainsi montée jusqu'à 23.9°C, nouveau record mensuel depuis 1833 (début des mesures en cette station). L'ancien record, de 23.0°C datait du 29 mars 1968. Pour le territoire belge, c'est la station de Koersel qui a été la plus chaude avec 26.8°C. Ici aussi, il s'agit de la température le plus élévée enregsitrée en Belgique en mars.
GENÈSE D’UNE PÉRIODE DE DOUCEUR EXCEPTIONNELLE
Le mois de mars 2021, jusqu’au 28, ne présente pas de particularités sur le plan thermique en Belgique. Il s’agit d’une alternance de périodes modérément froides et de périodes modérément douces.
Les 23 et 24 mars constituent une telle période modérément douce, avec temps ensoleillé sous l’influence d’un anticyclone se déplaçant de la France à la Suisse, l’Autriche et le sud de l’Allemagne. Mais ensuite, des perturbations nous valent un temps plus mitigé et plus frais.
La nuit du 26 au 27 mars, une extension de l’anticyclone des Açores pousse un front froid vers nos régions, ce qui semble a priori ne rien signifier de bon au niveau des températures. Le temps du 27 mars est celui d’une traîne, avec des cumulus fractus le matin évoluant rapidement en cumulus développés pendant que les derniers nuages frontaux, surtout présents sur l’est, s’évacuent. Quelques averses se forment encore (avec de la neige (!) sur les hauteurs), mais dans un deuxième temps, la convection est inhibée, les cumulus ne dépassent plus le stade de mediocris (voire humilis sur l’ouest) et les éclaircies s’élargissent. Avec un vent bien présent et des températures maximales ne dépassant pas 5 à 6°C sur les hauteurs et 10 à 11°C en plaine, la sensation de fraîcheur est vive.
Le 28 mars, l’anticyclone gagne en influence sur nos régions, mais il est surtout intéressant de noter qu’un petit noyau se déplace du sud-ouest de la France vers la Suisse, ce qui permet au vent de s’orienter à l’est dans la région de Bordeaux, de Biarritz et de Pau, et une poche d’air chaud se forme dans le coin sud-ouest de la France, avec des températures qui atteignent déjà localement 23 à 24°C.
Chez nous, les vents soufflent de façon soutenue de sud-ouest et l’air est encore très maritime, mais déjà plus doux par rapport à la veille, avec des maxima le plus souvent compris entre 13 et 14°C en plaine et entre 11 et 12°C sur les hauteurs. Le temps est assez beau, mais avec des bancs d’altocumulus parfois étendus. En fin de journée, un voile de cirrus / cirrostratus apparaît. En journée, des cumulus se forment aussi, mais ne dépassent plus le stade d’humilis, avec une tendance à étalement en stratocumulus. De façon générale, le temps est le plus ensoleillé au sud-est, et le moins ensoleillé au nord-ouest du pays.
Le 29 mars
L’anticyclone perd certes de sa puissance, mais constitue à présent un vaste ensemble couvrant une bonne partie du Continent et de la Méditerranée, et a une forme telle que des courants tropicaux directs puissent être acheminés sur l’ouest de la France.
Chez nous, des vents de sud-ouest empêchent encore les températures d’atteindre des niveaux records, mais dans le sud-ouest de la France, des vents d’est acheminent de l’air méditerranéen au départ humide, mais qui se dessèche au-dessus du Midi de la France et subit en plus un petit effet de pseudo-foehn avant d’arriver dans les régions du sud-ouest. Il ne s’agit certes pas d’un foehn pyrénéen, mais les températures n’en sont pas moins très élevées, avec des maxima de 27,4°C à Biscarosse ; 26,8°C à Cazaux et 26,4°C à Biarritz. À certains endroits, l’humidité relative est à peine supérieure à 20%.
En Belgique, le temps est très beau avec parfois quelques cirrus. Les températures, sans encore être exceptionnelles, atteignent déjà de belles valeurs, avec le plus souvent 19 à 21°C en plaine et autour de 18°C sur les hauteurs. La plus haute valeur est enregistrée à Koersel avec 22,2°C.
En soirée, l’air est doux et très sec à quelques dizaines de mètres au-dessus de nos têtes. Au-dessus de Beauvechain, en fin de soirée, la température est de 17,2°C à 197 mètres d’altitude, soit à une hauteur de 70 mètres au-dessus du sol. Ceci aura un impact saisissant sur les minima.
Le 30 mars, les minima se situent entre 1 et 10°C en Basse et Moyenne Belgique, et cette différence peut parfois s’observer à quelques kilomètres de distance seulement. Sur le plateau de l’aérodrome de Beauvechain, la température minimale est de 10,1°C, tandis que dans la vallée de Mélin, à 4 kilomètres de là, la température minimale est de 0,8°C ! À 8 heures, cet écart se creuse encore avec 11,9°C à Beauvechain et 1,1°C à Mélin, tandis qu’à 10 heures, la situation s’inverse déjà, avec respectivement 13,3°C et 13,9°C.
Ailleurs dans le pays, on retiendra les –2,8°C d’Elsenborn, les –1,1°C de Bièvre, les –0,5°C de Buzenol et les –0,4°C de Gouvy.
En journée, l’anticyclone dont le noyau se trouve sur le centre de l’Allemagne se positionne de telle façon que les courants tropicaux directs arrivent aussi chez nous. Le temps est à nouveau très beau avec quelques cirrus, parfois castellanus, et les températures, cette fois-ci, montent très haut chez nous aussi, avec des valeurs le plus souvent comprises entre 22 et 24°C en plaine et au centre du pays, et entre 20 et 21°C sur les hauteurs. Si l’on prend la nouvelle période de référence (1991-2020), ces températures sont généralement plus élevées que les plus hautes températures observées au cours d’une 3e décade de mars pendant cette série trentenaire. La journée la plus chaude de cette série a souvent été le 31 mars 2014.
Ci-dessous, les températures maximales du 30 mars 2021 confrontées à celles du 31 mars 2014 (+ valeur d’une autre date si plus élevée).
Bierset : 23,3°C (22,2°C le 31/03/2014)
Spa : 21,9°C (20,8C le 31/03/2014)
Mont-Rigi : 20,8°C (19,8°C le 31/03/2014)
Elsenborn : 21,3°C (20,2°C le 31/03/2014)
Saint-Hubert : 20,2°C (18,7°C le 31/03/2014)
Buzenol : 22,1°C (20,3°C le 31/03/2014 mais 20,5°C les 30 et 31/03/2017)
Luxembourg (LU) : 22,5°C (20,4°C le 31/03/2014)
Florennes : 23,2°C (21,1°C le 31/03/2014 mais 22,0°C le 29/03/1998)
Dourbes : 24,0°C à 17h (22,6°C le 31/03/2014)
Beauvechain : 21,8°C (21,5°C le 31/03/2014 mais 22,1°C le 30/03/2017)
Uccle : 23,9°C (21,9°C le 31/03/2014)
Zaventem : 22,2°C (21,8°C le 31/03/2014)
Gosselies : 23,8°C (22,0°C le 31/03/2014 mais 22,2°C le 29/03/1998)
Chièvres : 23,6°C (21,6°C le 31/03/2014 tout comme le 30/03/2017)
Lille (FR) : 24,0°C (21,5°C le 31/03/2014 mais 22,2°C le 30/03/2017)
Dunkerque (FR) : 22,9°C (16,8°C le 31/03/2014 mais 22,7°C le 30/03/2017)
Middelkerke : 22,6°C (18,0°C le 31/03/2014 mais 21,5°C le 30/03/2017)
Beitem : 22,9°C (21,0°C le 31/03/2014 mais 21,9°C le 30/03/2017)
Kruishoutem : 24,2°C (22,5°C le 31/03/2014 mais 23,0°C le 30/03/2017)
Semmerzake : 22,7°C (22,3°C le 31/03/2014)
Stabroek : 23,0°C (22,8°C le 31/03/2014)
Deurne : 22,8°C (21,4°C mais 22,5°C le 30/03/2017)
St-Kat.-Waver : 23,9°C (22,8°C le 31/03/2014)
Gorsem : 22,8°C (22,0°C le 31/03/2014 mais 22,6°C le 30/03/2017)
Koersel : 25,2°C (23,4°C le 31/03/2014 mais 23,7°Cle 31/03/2017)
Kleine Brogel : 23,2°C (22,2°C le 31/03/2014 mais 23,3°C le 24/03/2003)
Maastricht (NL) : 23,1°C (21,5°C le 31/03/2014 mais 23,0°C le 31/03/2017)
À l’exception de Beauvechain et de Kleine Brogel, tous les records de cette série trentennaire ont été battus.
Certaines stations disposent de séries nettement plus longues, suffisamment longues pour reprendre la très chaude journée du 29 mars 1968, qui est restée très longtemps LE record du mois de mars. Ci-dessous, la comparaison de ce 30 mars 2021 avec le 29 mars 1968 :
Uccle : 23,9°C (23,0°C le 29/03/1968)
Beauvechain : 21,8°C (23,7°C le 29/03/1968)
Angleur : 25,2°C (25,8°C le 29/03/1968)
Bierset : 23,3°C (24,4°C le 29/03/1968)
Maastricht (NL) : 23,1°C (23,4°C le 29/03/1968)
Dourbes : 24,0°C à 17h (22,7°C le 29/03/1968)
Saint-Hubert : 20,2 (20,1°C les 28 et 29/03/1968)
Kleine Brogel : 23,2°C (24,8°Cle 29/03/1968)
Deurne : 22,8°C (23,8°C le 29/03/1968)
Chièvres : 23,6°C (22,1°C le 29/03/1968)
Beitem : 22,9°C (22,6°C le 29/03/1968)
Coxyde : 22,9°C (22,6°C le 29/03/1968)
D’autres stations sont très comparables :
Mont-Rigi : 20,8°C (20,2°C à la Baraque Michel le 29/03/1968)
Zeebruges (port) : 19,3°C (20,5°C à Ostende (estacade du port) le 29/03/1968)
Ici, Uccle, Chièvres, Coxyde, Dourbes et Saint-Hubert battent l’un des seuls records de chaleur anciens qui ont résisté jusqu’à maintenant.
À côté de la chaleur précoce, on notera aussi l’extrême sécheresse de l’air. À Dourbes, l’humidité relative tombe à 17h jusqu’à 14% (soit une température de 24,0°C pour un point de rosée de –5,4°C !)
Quelques autres valeurs très basses de l’humidité relative :
Elsenborn : 14% à 18 et 19h
Mont-Rigi : 15% à 16h
Spa : 16% à 19h
Florennes : 17% à 19h
Gosselies : 17% à 15, 17 et 18h
Comme corollaire à cet air très sec, nous avons de gros écarts de températures entre le matin et l’après-midi aux endroits exposés. Voici quelques minima / maxima :
Koersel : 0,8°C / 25,2°C (écart = 24,4°C)
Bièvre: –1,1°C / 23,1°C (écart = 24,2°C)
Elsenborn : –2,8°C / 21,3°C (écart = 24,1°C)
Genk : 0,5°C / 24,4°C (écart = 23,9°C)
Gouvy: –0,4°C / 22,2°C (écart = 22,6°C)
Buzenol : – 0,5°C / 22,1°C (écart = 22,6°C)
Enfin, parlons des côtes et des différents régimes de brise de mer.
À la Côte belge, nous avons un vent de sud-est qui tourne au nord entre 15 et 16h avec, à Zeebruges, une température qui chute à ce moment de 19,1°C à 14,1°C. Cette brise de mer n’a pas une forte pénétration : à la Base de Coxyde, à un bon 3 km de la mer, la brise de mer n’apparaît plus.
En France, la région de Dunkerque partage avec les Belges la même brise de mer. Du côté de Boulogne par contre, nous avons un vent descendant (pseudo-foehn) vers la mer avec des températures montant vite en matinée pour atteindre 23°C en début d’après-midi avec des taux d’humidité assez bas. Puis la brise de mer en provenance de la Mer du Nord parvient à s’imposer jusque là, grâce à une meilleure pénétration à cet endroit, et s’accompagne d’une forte humidité et d’une baisse de la température jusqu’à 15°C, alors que pour l’observateur de Boulogne, le vent quoiqu’ayant tourné au nord-est vient toujours de l’intérieur des terres.
Un peu plus au sud, au Touquet, le phénomène n’apparaît plus, avec un temps chaud et sec toute la journée.
Le 31 mars commence à nouveau avec des températures fort contrastées le matin, mais en moyenne moins froides que la veille. Les différences sont à nouveau fortes du côté de Beauvechain, avec un minimum de 12,1°C à l’aérodrome et de 3,3°C à Mélin.
En journée, le temps continue à être beau, plus beau même que la veille grâce à un ciel presque serein. Ce n’est qu’en fin de journée qu’on voit apparaître des cirrus depuis l’horizon à l’ouest. Au littoral, ces cirrus sont présents toute l’après-midi et sont suivis d’altocumulus le soir. Sur l’est du pays par contre, le ciel est serein toute la journée.
Les températures sont souvent encore un peu plus élevées que la veille. Reprenons donc les mêmes tableaux comparatifs que la veille, avec cette fois les températures du 31 mars 2021 :
Bierset : 23,2°C (22,2°C le 31/03/2014)
Spa : 23,1°C (20,8C le 31/03/2014)
Mont-Rigi : 22,0°C (19,8°C le 31/03/2014)
Elsenborn : 22,2°C (20,2°C le 31/03/2014)
Saint-Hubert : 21,6°C (18,7°C le 31/03/2014)
Buzenol : 23,4°C (20,3°C le 31/03/2014 mais 20,5°C les 30 et 31/03/2017)
Luxembourg (LU) : 23,5°C (20,4°C le 31/03/2014)
Florennes : 23,3°C (21,1°C le 31/03/2014 mais 22,0°C le 29/03/1998)
Dourbes : 25,3°C à 15h (22,6°C le 31/03/2014)
Beauvechain : 24,1°C (21,5°C le 31/03/2014 mais 22,1°C le 30/03/2017)
Uccle : 23,9°C (21,9°C le 31/03/2014)
Zaventem : 24,1°C (21,8°C le 31/03/2014)
Gosselies : 23,9°C (22,0°C le 31/03/2014 mais 22,2°C le 29/03/1998)
Chièvres : 24,2°C (21,6°C le 31/03/2014 tout comme le 30/03/2017)
Lille (FR) : 24,8°C (21,5°C le 31/03/2014 mais 22,2°C le 30/03/2017)
Dunkerque (FR) : 24,0°C (16,8°C le 31/03/2014 mais 22,7°C le 30/03/2017)
Middelkerke : 23,7°C (18,0°C le 31/03/2014 mais 21,5°C le 30/03/2017)
Beitem : 24,4°C (21,0°C le 31/03/2014 mais 21,9°C le 30/03/2017)
Kruishoutem : 25.1°C (22,5°C le 31/03/2014 mais 23,0°C le 30/03/2017)
Semmerzake : 24,3°C (22,3°C le 31/03/2014)
Stabroek : 24,2°C (22,8°C le 31/03/2014)
Deurne : 24,6°C (21,4°C mais 22,5°C le 30/03/2017)
St-Kat.-Waver : 24,8°C (22,8°C le 31/03/2014)
Koersel : 26,8°C (23,4°C le 31/03/2014 mais 23,7°Cle 31/03/2017)
Kleine Brogel : 25,4°C (22,2°C le 31/03/2014 mais 23,3°C le 24/03/2003)
Maastricht (NL) : 24,2°C (21,5°C le 31/03/2014 mais 23,0°C le 31/03/2017)
Et pour les longues séries, la comparaison de ce 31 mars avec le 29 mars 1968 :
Uccle : 23,9°C (23,0°C le 29/03/1968)
Beauvechain : 24,1°C (23,7°C le 29/03/1968)
Angleur : 25,5°C (15h)°C (25,8°C le 29/03/1968)
Bierset : 23,2°C (24,4°C le 29/03/1968)
Maastricht (NL) : 24,2°C (23,4°C le 29/03/1968)
Dourbes : 25,3°C à 15h (22,7°C le 29/03/1968)
Saint-Hubert : 21,6 (20,1°C les 28 et 29/03/1968)
Kleine Brogel : 25,4°C (24,8°Cle 29/03/1968)
Deurne : 24,6°C (23,8°C le 29/03/1968)
Chièvres : 24,2°C (22,1°C le 29/03/1968)
Beitem : 24,4°C (22,6°C le 29/03/1968)
Coxyde : 23,9°C (22,6°C le 29/03/1968)
D’autres stations sont très comparables :
Mont-Rigi : 22,0°C (20,2°C à la Baraque Michel le 29/03/1968)
Zeebruges (port) : 19,2°C (20,5°C à Ostende (estacade du port) le 29/03/1968)
Cette fois-ci, les records sont tous battus, même dans les stations à longues séries, à l’exception de Bierset qui ne parvient toujours pas à battre le 29 mars 1968.
On notera à nouveau la grande sécheresse de l’air, même si c’est un peu moins extrême que la veille. Ici et là, on peut encore épingler des humidités relatives inférieures à 20%, comme par exemple à Deurne à 15h avec 19%. Ce très léger regain de l’humidité peut être lié à la rotation du faible vent du sud à l’ouest, ce qui n’apporte certes pas de changement significatif dans l’air chaud quasi-stagnant, sauf l’apparition d’un (tout petit) peu d’humidité.
Au littoral cependant, cette configuration permet une meilleure pénétration de la brise de mer. Sur l’ouest de la côte belge, la brise de mer se met en place vers 14h en bordure de mer, et elle atteint la Base de Coxyde, à un bon 3 km, quelques 2 heures plus tard avec dès lors une cassure dans la courbe des températures (mais après un maximum bien élevé). Sur l’est de la côte belge, la brise de mer se met en place plus tôt encore, avant 13 heures au port de Zeebruges, et parvient à s’enfoncer jusqu’aux environs de Dudzele, mais sans atteindre Bruges.
À noter que des différences jusqu’à 10°C et plus peuvent exister de part et d’autre du front de brise de mer.
Enfin, le soir, le temps reste longtemps chaud dans les centres urbains, mais aussi sur les plateaux. À 20 heures par exemple, on relève encore 21,9°C à Deurne (Anvers), 21,1°C à Woluwe-St-Pierre (Bruxelles), mais aussi 20,7°C sur le plateau de Beauvechain. Pendant ce temps, on peut déjà avoir un petit frisson dans la fraîcheur humide de la vallée de Mélin, qui n’affiche plus que 16,2°C. Trois heures plus tard, il n’y fait plus que 9,0°C (pour 19,1°C sur le plateau de Beauvechain).
Conclusion
L’anticyclone qui nous a valu ce temps beau et très chaud pour la saison s’affaiblit sur le Continent européen tandis qu’un nouvel anticyclone, bien plus puissant et situé sur le nord de l’Océan, s’apprête à prendre la relève. Pendant la nuit du 31 mars au 1er avril, un noyau de l’ancien anticyclone tente encore de faire de la résistance au-dessus de la Suisse, mais dès la matinée du 1er avril, une crête du nouvel anticyclone devient prédominante pour nos régions, avec des vents qui s’orientent au nord.
Sur le centre, l’est et le sud du pays, cela n’aura encore qu’un impact limité sur les températures maximales puisque ce vent nous « remballe » dans un premier temps l’air chaud présent sur une bonne partie de l’Europe. Mais la Mer du Nord a déjà son petit mot à dire, en nous apportons plus d’humidité et, malgré tout, déjà un frein aux températures qui n’atteindront plus des records. Sur l’ouest du pays, la fraîcheur est déjà là, avec à 14 heures plus que 9°C au littoral, et un petit 11°C du côté de Bruges. Avec le front froid désormais à nos portes, la douceur quittera l’ensemble de notre territoire en fin de journée.
Alors que pouvons-nous dire de cet épisode estival précoce. En soi, l’arrivée soudaine d’air sec et souvent déjà chaud pour la saison n’a rien d’anormal au printemps. Que ce soit au mois de mars ou au mois d’avril, de telles périodes de 2 ou 3 jours de beau temps chaud font partie intégrante du printemps tout comme les « interruptions » froides.
Ce qui est anormal, c’est l’intensité que prennent ces phénomènes au cours des dernières années, avec régulièrement des records décadaires (voire mensuels) battus quand pas pulvérisés. Ici, bien évidemment, c’est le réchauffement climatique qui est en cause. D’autant plus qu’au-delè des moyennes qui se réchauffent, il y a les extrêmes qui s’amplifient aussi.
Quand il s’agit de chaleur, les deux vont dans le même sens, l’amplification des extrêmes ajoutant une couche au réchauffement général du climat. Résultat des courses : les records de chaleur tombent les uns après les autres. Pour le froid, l’amplification des extrêmes contrecarre le réchauffement dans les vagues de froid, mais ne le compense pas entièrement.
En idéalisant un peu, on peut presque dire que la moyenne des températures, depuis les années 60, a augmenté dans nos régions de quelques 2°C pendant que les extrêmes de chaleur ont augmenté de 3°C et les extrêmes de froid, de 1°C. Bien sûr, il faut beaucoup plus de recul pour avoir des chiffres précis et statistiquement fiables sur l’impact du réchauffement climatique sur les différents cas de figure. Mais fait est que le thermomètre s’emballe à presque chaque situation chaude, alors que les situations froides se raréfient certes, mais moins qu’on aurait pu le croire au départ.
Pour les précipitations, le vent et les orages, l’évolution est encore plus complexe, mais là, on sort du cadre du sujet traité.
Merci à Robert Vilmos pour la rédaction de cet article