Flash du 1er mars 2010 : la tempête Xynthia
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- Publication : lundi 1 mars 2010 11:59
- Écrit par : Philippe Mievis
FLASH INFO :
La tempête Xynthia du 28 février 2010
Alors que nous terminions l'hiver climatologique ce 28 février 2010, une tempête, baptisée Xynthia par les météorologues allemands, accompagnée de vents violents causa des dégâts dans notre pays, mais aussi et surtout en France. Plus de 60 victimes sont à déplorer, dont 1 en Belgique.
Une tempête ? D'où vient-elle ?
C'est le 25 février qu'une dépression en phase de creusement rapide au large de l'archipel portugais de Madère a été observée par les satellites météorologiques : il s'agit de ce que l'on appelle un cyclone extratropical de type « bombe » ou de cyclogénèse explosive. Il ne faut pas confondre ce terme avec celui de cyclone tropical : si ce dernier tire son énergie à partir des températures élevées des eaux océaniques, le premier tire son énergie de la chaleur de l'atmosphère.
source : EUMETSAT
Cette dépression aura rapidement mis en alerte les services météorologiques du Portugal, de l'Espagne et ensuite ceux de France : après avoir effleuré les îles Canaries, elle remonte le long des côtes du Portugal, poursuivant vers la mer Cantabrique et le golfe de Gascogne qu'elle atteindra dans la soirée du 27 février, apportant par ailleurs des températures très douces par effet de fœhn sur le Sud Ouest de la France, avec par exemple près de 24°C observés à Biarritz.
Elle touchera les terres le 28 février aux premières heures du matin, accompagnée de puissantes rafales de vent, et, associée à la marée, elle génèrera des vagues hautes de plusieurs mètres de haut qui briseront des digues dans plusieurs régions du littoral français (essentiellement Charente-Maritime et Vendée). La rupture de plusieurs digues conduira à de graves inondations dans plusieurs communes de ces deux départements.
Au matin du 28, les vents les plus forts se décalent vers les régions du Centre, la Normandie et le Nord-Pas-de-Calais, atteignant également le Royaume-Uni. Au cours de l'après-midi, la tempête atteint la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Allemagne et la Scandinavie. La trajectoire de cette tempête est représentée sur le schéma ci-dessous.
Source : La Chaîne Météo
Les dégâts et la désolation laissés sur son passage sont immenses, et c'est la France qui en paye le plus lourd tribut avec 51 morts (62 au total pour tous les pays traversés, bilan au 1er mars). En Belgique, une personne originaire de Jodoigne aura été tuée par la chute d'un arbre dans son jardin. Près d'un million de foyers ont été privés d'électricité en France où le vent a soufflé en rafales jusqu'à plus de 160 km/h en plaine (Scillé en Vendée).
La Belgique aura été finalement relativement épargnée par la tempête et ce seront surtout les provinces de Hainaut, Luxembourg et Liège qui auront été les plus durement touchées. Voici les rafales supérieures à 100 km/h enregistrées par le réseau de stations officielles en Belgique lors du passage de Xynthia (en km/h) :
- Ernage 107
- Bierset 104
- Humain 104
- Mont-Rigi 104
- Beauvechain 100
- Retie 100
- Buzenol 100
- Gosselies 100
- Chièvres 100
Dans le réseau de MeteoBelgique, 3 stations ont mesuré des rafales supérieures à 100 km/h : Beausaint, en province de Luxembourg avec 106.2 km/h, Ransberg avec 104.6 et Cerfontaine, près du lac de l'Eau D'Heure avec 101.4.
Il s'agit d'une des dépressions de tempête les plus intenses de ces dernières années, depuis les deux tempêtes qui avaient secoué la France les 26 et 27 décembre 1999, Lothar et Martin ou de la tempête Klaus qui a touché le Sud-Ouest le 24 janvier 2009.
La trajectoire de cette dépression est assez atypique. La dépression s’est formée dans une région subtropicale, nourrie par un air très chaud. Cela a créé un gros décalage avec l’air encore très froid de l’Atlantique. C’est très rare qu’une dépression du sud arrive jusqu’au Danemark, comme cela a été le cas avec Xynthia, classiquement, les tempêtes hivernales arrivent par l'Ouest, comme le montrait d'ailleurs notre rétrospective des tempêtes hivernales de 1990 que nous avons publié il y a quelques semaines, voir ici.
Les Pompiers ont eu fort à faire ce dimanche un peu partout
dans le pays pour dégager les routes des arbres tombés
et déracinés par la violence des rafales.
D'où vient le nom de Xynthia ?
En 1954, Karla Wege, alors étudiante de l'Université, a proposé de nommer les dépressions et anticyclones qui causaient des dommages importants en Europe, pour rendre les cartes météorologiques plus lisibles pour le grand public. Elle devint ensuite une météorologiste célèbre à la télévision allemande, et démocratisa cette pratique. Une année sur deux, les météorologues allemands attribuent un prénom féminin ou masculin, par ordre alphabétique. C’est pour cela qu’on a des noms à consonance assez germaniques, comme Klaus ou Lothar. Ce sont souvent des prénoms d’anciens météorologues. Cette année, les dépressions ont des noms féminins, et à l’inverse, les anticyclones sont masculins.