Qu’est-ce la normalité dans notre climat ?
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- Publication : mardi 9 août 2011 16:21
- Écrit par : Xavier Lizin
Niveau : débutant
Deux étrangers discutent de leurs vacances :« Tu est parti en vacances en Belgique, toi ? »
« oui ! »
« Et alors, comment y fait-il en été ? »
Voici l’exemple même d’une question qui témoigne d’une bien mauvaise connaissance de ce qu’est notre climat océanique tempéré. Si, dans certaines régions intertropicales, les conditions climatiques restent très homogènes durant une même saison et que les températures évoluent très peu des moyennes, il n’en va pas de même à nos latitude tempérées où il existe une variabilité très importante autour de ces moyennes !
« L’été c’est la canicule en Belgique » répondra l’interlocuteur s’il a visité le pays en juillet 2006.
« Ils ont des étés réellement pourris » répondra en revanche notre interlocuteur s’il a visité le pays en juillet 2011.
Lequel des deux aura raison ? Aucun…Tout simplement parce que pour une même saison, des conditions très différentes sont possibles dans nos contrées, sans que cela soit exceptionnel. Cette variabilité est même ce qui caractérise notre climat tempéré.
Toutefois, les saisons existent toujours et ne sont pas décalées contrairement à ce que l’on peut entendre parfois au « café du commerce ». Elles existeront toujours dès lors que le plan de la trajectoire de la Terre autour du Soleil est incliné de 23°27’ sur le plan de l’équateur. Et comme la terre tourne autour du soleil, cette inclinaison nous gratifiera cycliquement de journées longues avec un soleil plus vertical (d’où un meilleur réchauffement) et de journées courtes associées à un soleil plus horizontal (d’où un réchauffement plus limité): ce sont les saisons.
L’inclinaison de l'axe de rotation de la terre sur le plan de la trajectoire de la terre autour du soleil est à l'origine de l'alternance des saisons.
A ces grandes tendances différenciant l’été de l’hiver vient s’ajouter une grande variabilité au sein d’une même saison, liée au fait qu’à nos latitudes, nous nous situons à la rencontre de masses d’air chaudes d’origines subtropicales et de masses d’air froides d’origine polaires. En fonction de la masse d’air qui nous affecte, les températures pourront être bien différentes au sein d’une même saison.
Dans des cas extrêmes, une situation très défavorable en été nous donnera des températures quasiment identiques à une situation très favorable en hiver. C’est rare, mais cela existe et cela ne signifie pas que tout se détraque !
Le 19 juillet 2006, des courants d’origine subtropicale faisaient grimper le mercure à plus de 35°C
sur la plupart des régions de Belgique.
Ainsi, une remontée d’air saharien peut nous apporter en été des maxima de 35°C, tandis que de l’air polaire lors d’une journée sans soleil bloquera parfois le mercure à 15°C en plein cœur de l’été également.
Le mercure dépassait à peine les 15°C sur le pays.
En hiver, il en va de même avec, selon la masse d’air qui nous affecte et les conditions de ciel, des températures qui peuvent descendre à -20°C comme elles peuvent grimper à 15°C.
Conclusion
Par abus de langage, on parle souvent de « normales saisonnières » alors qu’il s’agit en réalité de moyennes mathématiques (réalisées sur 30 ans). Et la normalité est, dans notre climat tempéré, d’observer d’importantes fluctuations autour des ces moyennes.
A ce titre, remettre en cause le réchauffement climatique à chaque fois qu’il fait plus froid qu’attendu n’a pas de sens. En effet, ce réchauffement est lent et réparti en moyenne sur toute la planète. A l’échelle locale, il peut temporairement faire frais alors que d’autres zones du monde sont en excédent thermique.
Par une image, on pourrait comparer le réchauffement global de la planète à une lente montée des surfaces marines : il faut des mesures sophistiquées et à long terme pour le mesurer. A courte échelle, l’être humain ne saurait le percevoir car les marées (représentant les saisons) et les vagues (représentant les fluctuations de température au sein d’une même saison) sautent plus aux yeux et empêchent d’appréhender cette lente montée moyenne.