Vigilance météo
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Premier bilan de la vague de froid 2009

Descriptif et paramètres de cette vague de froid :

Nous avons connu récemment une vague de froid, dont la période de gel s'est étendue du 26 décembre pour se terminer le 12 janvier dernier, avec un pic de froid vers le 7 janvier.


L'Amblève, prise par les glaces, le 9 janvier 2009.
Photo : Frédéric Gabriel.

Pareille vague de froid ne s'était plus manifestée chez nous depuis 12 ans, en fin décembre 1996 et janvier 1997, cette dernière avait d'ailleurs été plus importante dans sa durée et les températures minimales observées durant cette période avaient été plus froides encore.

Afin de comparer, voici un relevé des vagues de froid majeures depuis 1950 : 

Hiver Durée Poids Intensité T° min
1951 20 81.2 4.06 -16.7
1954 20 129.7 6.49 -14.8
1955 34 89.1 2.62 -11.2
1956 30 261.9 8.73 -16.7
1963 73 357.9 4.90 -16.8
1979 30 102.3 3.41 -13.9
1985 (1)
20 149.7 7.46 -16.3
1985 (2) 13 92.9 7.15 -11.9
1986 29 137.3 4.73 -10.5
1987 28 114.1 4.08 -13.5
1991 30 80.4 2.68 -13.1
1997 27 126.9 2.70 -14.1
2009 18 80.0 4.44 -12.8

 

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Nous avons choisi les paramètres suivants pour comparer : 

  • L'année de l'hiver de la vague de froid (par convention l'hiver 2008-2009 sera noté 2009).
  • La durée :  le nombre de jours de gel consécutifs caractérisant la vague de froid.
  • Le poids : en degrés jours avec -2°c de température minimale comme référence : une température minimale de –3.1 aura un poids de –2 – (-3.1) =  1.1
    On fait la somme de ces degrés jours pour toute la période de la vague de froid.
  • L’intensité : ou le poids par rapport à durée : des vagues de froid peuvent être longues et modérées, d’autres courtes mais intenses. 
  • La température minimale enregistrée durant cette vague de froid.

Pour comparer avec une vague de froid récente, celle de février 1991 convient le mieux, même si cette dernière fut plus longue, mais moins intense. Comme celle de 2009, elle fut caractérisée par un enneigement assez remarquable, même si celui de 1991 fut plus important encore. Par contre l'enneigement de celle de 1997 fut, quant à elle, particulièrement faible.

La vague de froid de 2009 fut donc une vague de froid relativement moyenne, qui serait sans doute passée comme banale dans les années 50 ou 60. Elle n'a rien de comparable non plus aux vagues de froid qui avaient secoué la Belgique au milieu des années 80, lors de la trilogie des hivers particulièrement froids en 1985, 1986 et 1987.
1985 avait été particulièrement intense, avec des épisodes neigeux particulièrement mémorables.

La plus grosse vague de froid, qu'aura connu la Belgique ces 60 dernières années, restera sans conteste la fameuse vague de froid commencée en fin décembre 1962 et qui perdurera jusqu'en début mars 1963. Avec ces 18 jours, notre vague de froid de 2009 fait piètre figure.

Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, MeteoBelgique a réalisé un dossier sur les vagues de froid en Belgique depuis 1950 que vous trouverez dans la rubrique "Articles et dossiers".

Quelques relevés remarquables de cette vague de froid

A Uccle (station de référence), la température est descendue à -12.8 le 7 janvier. Dans les stations officielles les minima les plus froids suivants ont été enregistrés à cette même date :

-19°C à Kleine-Brogel (Campine)
-21.4°C à Elsenborn (Hautes Fagnes)
-21.9°C à Ernage (près de Gembloux)

On notait cette nuit des "effets de cuvette" très marqués (l'air près du sol, très froid donc très lourd, vient s'accumuler dans les cuvettes où il peut s'auto-refroidir à l'abri de toute forme de turbulence). Ce phénomène est encore accentué en présence de neige au sol, ce qui était le cas depuis le 5 janvier.
C'est pourquoi, par exemple, nous n'avons enregistré qu'un mimimum de -12.1°C au Mont Rigi  à quelques kilomètres d'Elsenborn seulement : le Mont Rigi est au sommet du plateau des Hautes Fagnes, Elsenborn en contrebas dans une cuvette.
Cela indique pourquoi ce minimum si particulier à Ernage, à un endroit où classiquement on ne s'attend pas à trouver les valeurs de températures les plus basses observées en Belgique. Cette valeur peut être confirmée d'ailleurs par des températures de cet ordre dans des stations voisines du réseau MeteoBelgique : -22.1 à Eghezée et -23.2 à Mélin (record pour une station du réseau de MeteoBelgique). Notons encore qu'une autre station de mesure à Raeren (Cantons de l'Est), faisant partir du réseau du MET, est descendue à -25°c cette nuit-là; mais cette valeur n'est pas considérée comme officielle. Raeren est aussi située dans une cuvette.

A noter que le minimum le plus bas jamais enregistré sur une station officielle en Belgique est de -30.1° le 20 janvier 1940, à Rochefort, dans la vallée de la Lomme.

Vague de froid... et réchauffement global ?

Comment se fait-il -alors que l'on nous parle de réchauffement qui s'accélère et alors que les températures avaient battu des records de "chaleur" lors de ces derniers hivers- qu'une vague de froid a cette année concerné la Belgique ?

De même que des vagues de chaleur ont existé dans le passé bien avant que l'on ne parla d'effets éventuels consécutifs à l'effet de serre, des vagues de froid existeront encore dans le futur. La variabilité climatique existera toujours.

A l'instar des vagues de chaleur, qui semblent de plus en plus fréquentes en été, et dont l'intensité, voire la durée sont de plus en plus longues, les vagues de froid seront sans doute de plus en plus rares et de moins en moins intenses dans le futur, si le réchauffement global se confirme.

Pourquoi cette année ? On a observé dans le passé, une récurrence de l'apparition d'hivers froids accompagnés de vagues de froid tous les 23 ans environ : ce fut le cas il y 23 ans en 1986, puis auparavant en 1963, 1940, 1917, 1895, etc...
La plupart de ces années furent précédées et/ou suivies également d'années aux épisodes froids remarquables : la fameuse trilogie des années 80, dont nous avons parlé plus haut, en est un exemple. Cette récurrence semble être liée au cycle solaire de 2 fois 11 ou 12 ans ans qui peut être suivi avec l'évolution des taches à la surface du soleil, bon indicateur de cette activité : depuis un an maintenant, notre étoile est en phase minimale. En fait, le véritable cycle solaire dure deux cycles classiques : à chaque reprise de l'activité, il y a un changement de la polarité des taches : il faut donc deux cycles solaires pour retrouver la même situation de départ, donc... 23 ans.

Sur base de cela, la probabilité de connaître l'année prochaine une nouvelle vague de froid majeure en Belgique est donc assez forte, sans que l'on doive pour autant remettre le réchauffement global en cause si cela devait effectivement se produire.

Les dégâts consécutifs à cette vague de froid

La première chose qui nous vient à l'esprit est évidemment le décès de sans abris : en Belgique, au moins deux personnes sont mortes, l'une à Louvain, l'autre à la Gare du Midi de Bruxelles. Bon nombre d'entre eux ont heureusement pu profiter des centres de crises, ouverts pour la circonstance.

Le givre, le verglas et la neige sont aussi la cause d'accidents, parfois particulièrement spectaculaires et mortels : ce fut le cas cette année encore, malgré les efforts des services d'épandage, rarement pris en défaut.
Mais avec les températures particulièrement froides du 6 ou du 7 janvier, le "sel" (chlorure de sodium) classique n'agit plus : il faut saler les routes avec du chlorure de calcium, le seul qui peut encore faire fondre la glace sous des températures pareilles.

Les canalisations d'eau ont aussi particulièrement souffert cette année, notamment celles déjà vétustes, qui, fragilisées, n'ont pas résisté au radoucissement : ce fut le cas en de nombreux endroits en Wallonie, particulièrement dans la région louviéroise.

Une autre cause indirectement liée à la vague de froid est la mauvaise dispersion des polluants occasionnant des pics de pollutions, particulièrement près des grandes villes. La cause est lié au phénomène d'inversion, ne permettant pas aux couches inférieures de l'atmosphère, très froides de se mélanger aux couches supérieures, emprisonnant sous un véritable couvercle virtuel les polluants dans ces basses couches. Ce phénomène apparaitra lors de la présence d'un anticyclone proche de nos régions, comme ce fut le cas à deux reprises lors de cette vague de froid : en fin décembre et en fin de première décade de janvier.

Et enfin, pour clôturer, contrairement à l'idée reçue, le froid intense ne tue malheureusement pas les virus, bactéries et autres vermines : les microbes ralentissent ou stoppent leur développement lors de grands froids, mais ne sont nullement tués, pour preuve d'ailleurs, le pic de l'épidémie de grippe qui touche actuellement la Belgique après cette vague de froid...
Nos amis les oiseaux sont par contre particulièrement exposés : ils ont besoin de davantage de calories pour maintenir leur température corporelle, mais peinent à en trouver. De plus à la recherche d'endroits pour s'abreuver, les eaux de fontes des routes, saturées en sel, sont un poison pour eux.

Quelques images de la vague de froid 2009

Pour terminer, voici quelques images choisies de cette vague de froid. 


Vue de la Meuse à Dinant prise partiellement par les glaces.
Photo : Dorian Claeys.


Vue des arbres pris par le givre, après une  nuit de brouillards givrants le 9 janvier 2009.
Photo : Marie-Louise Vanhoorde.


Paysage d'hiver en janvier 2009 dans la campagne près de Gembloux.
Photo : Bernadette Bihin.


Soleil d'hiver sur les lacs de l'Eau d'Heure (ici celui de la Plate Taille), le 10 janvier 2009.
Photo : Roger David.

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