Vigilance météo
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Retour en février 2019 : Quand l'été s'invite en février...

Préambule

Dans le cadre de notre rubrique "Climats d'hier et d'aujourd'hui", nous allons réanalyser en détail des épisodes météorologiques récents et remarquables de ces dernières années, en essayant d'expliquer en détail les causes et conséquences de ces épisodes, à raison d'une analyse par mois.
Huitième volet de la série : situation particulière de la fin février 2019 : quand l'été s'invite en février...


Introduction

22,8°C à Houyet, 22,4°C à Angleur, 22,1°C à Hastière et 22,0°C à Dourbes, mesurés le 27 février 2019, voilà des températures normales pour un mois de juin dans ces localités. En outre, il s’agit là non seulement d’une pointe de chaleur, mais d’une longue période de temps trop chaud pour la saison, qui concerne toute la seconde moitié du mois. Si au niveau des moyennes mensuelles, aucun record n’est battu, c’est uniquement dû à quelques jours froids au début du mois. Autrement, on aurait pulvérisé les records sur plusieurs paramètres, un peu à la façon d’avril 2007.

Avant d’analyser ce mois de février si extraordinaire, revenons sur quelques caractéristiques du temps anticyclonique hivernal de type chaud, c’est-à-dire lorsqu’une crête d’altitude (voire un anticyclone détaché) se développe à partir de la ceinture des anticyclones subtropicaux.

Si à la bonne saison, de telles hautes pressions s’accompagnent le plus souvent d’un temps ensoleillé et chaud, c’est loin d’être le cas en hiver. Le soleil est plus faible et les inversions nocturnes ne parviennent pas toujours à se résorber. Si en plus, il fait humide, le brouillard formé la nuit ne se dissipe pas, finit par se transformer en stratus avec un temps très gris, humide et frais qui peut persister des jours et des jours, voire des semaines. Février 1959 nous en a montré l’exemple. Nous y reviendrons.

Toutefois, même si le soleil brille et qu’il fait sec, le temps a tendance à rester froid en hiver, surtout en plaine. C’est le fameux régime d’inversion thermique. L’air a beau être très doux en altitude, il se refroidit dans les basses couches au contact du sol froid, sol que le soleil n’arrive pas vraiment à réchauffer, même pas au meilleur moment de la journée.
L’expérience nous montre que ce phénomène est surtout récurrent, dans nos régions, lorsque l’altitude maximale du soleil au-dessus de l’horizon (midi solaire) ne dépasse pas 27° degrés. Et c’est le cas pendant une période qui va de fin octobre à la mi-février . Dans d’autres régions que la nôtre, comme par exemple dans la région de Milan en Italie, la forte présence de poussières, formant selon le cas des brumes sèches ou humides, fait en sorte que même avec un soleil à 40 degrés au-dessus de l’horizon, les inversions thermiques ne se résorbent parfois pas.

Nous allons voir toute l’importance de cet aspect dans la présente analyse du mois de février 2019. Notamment les résorptions partielles de l’inversion, fréquentes lorsque le soleil ne dépasse encore qu’à peine ces 27 degrés au-dessus de l’horizon, peuvent produire pas mal de disparités. Nous étudierons cela dans les descriptions au jour le jour de la vague de douceur en question.


A la Côte belge, il régnait un air de printemps ce 23 février 2019, comme ici à Bredene.
Photo : Alexis Papapanayotou.


Février 2019 dans son ensemble

Avec une moyenne globale des températures à Uccle de 7,0°C, le mois de février 2019 se trouve loin derrière février 2024, qui bat le record avec 8,3°C. Pourtant février 2024 ne marque pas les esprits. Février 2024 est pluvieux et peu ensoleillé. Le grand excès thermique n’est même pas lié à des jours spécialement doux, mais à l’absence complète de froid. Et ce sont donc surtout les températures nocturnes qui s’écartent de la normale, pendant que les températures diurnes sont même inférieures, en 2024, à celles de 2019.

Avec 11,5°C, la moyenne des maxima, en février 2019, se hisse même à la deuxième place des valeurs les plus hautes valeurs jamais observées à Uccle et ce, malgré un début de mois assez froid. Seul février 1990, avec 11,6°C, a connu une valeur encore un peu plus élevée. Nous reviendrons également sur février 1990 dans le cadre d’une analyse comparative.

En matière de pluies, février 2019 donne un total proche de la normale, mais là aussi, c’est en raison de la première décade, où il pleut beaucoup et souvent (9 jours sur les 10). Du 11 au 27 février par contre, il ne tombe pas une goutte. Cette période est d’ailleurs particulièrement ensoleillée, si bien qu’au total, février 2019 arrive en 4e position parmi les mois de février les plus ensoleillés.
Ailleurs dans le pays, on observe les plus grands excès thermiques, au niveau des maxima, sur les reliefs de l’est et du sud du pays, alors que les minima, dans ces mêmes régions, connaissent de grandes disparités, avec généralement de forts excès thermiques sur les plateaux, mais des valeurs parfois inférieures aux normes saisonnières dans les vallées.

Au niveau des précipitations, la première décade du mois est surtout pluvieuse sur le centre et centre-sud du pays, où ces pluies compensent la sécheresse du reste du mois. Ailleurs, les précipitations sont déficitaires, voire même très déficitaires sur certaines régions de l’est et du sud du pays. Là, la tendance sèche de toute l’année 2019 s’installe déjà.

En matière d’insolation, tout le pays se défend très bien, mais l’est et le sud restent privilégiés pour ce paramètre aussi.

À présent, analysons de façon plus précise le mois de février 2019.


Février 2019 dans ses détails

Commençons, une fois encore, par le début. Et l’analyse de ce mois si doux et si ensoleillé commence… avec de la neige.
En fait, à l’instar de décembre 2017, février 2019 connaît un épisode neigeux très particulier qui ne concerne pas la Haute Belgique, mais une autre région, cette fois-ci le centre et le centre-sud du pays jusque dans la Botte du Hainaut.


Le 2 février 2019, un air polaire fortement réchauffé par la Mer du Nord empêche le gel, avec le matin des températures légèrement positives sur tout le pays. Mais une zone, très délimitée par ailleurs, connaît des précipitations plus intenses et, par isothermie, la pluie se transforme en neige par températures proches de 0°C. À l’aéroport de Charleroi par exemple, la couche atteint déjà 5 cm à 10 heures, et même 8 cm à 13 heures.



Webcam de Braine l’Alleud, le 2 février 2019 à 10 heures.

Bruxelles, à la bordure de la « langue neigeuse » ne reçoit déjà plus que 1 à 2 cm tandis que l’aérodrome de Grimbergen, juste au nord de Bruxelles, ne reçoit plus de neige du tout.
Par après, nous connaissons environ une semaine de temps belge, avec pluie en plaine et parfois neige sur les reliefs, assorties d’un temps variable mais souvent gris et avec pas mal de vent.
Le 11 février par contre, tout change !

11 février 2019
Ce jour, nous passons très vite à un régime anticyclonique. À Zaventem, la pression était encore de 1008,9 hPa à 1 heure (nuit du 10 au 11) pour arriver à 1033,4 hPa à 1 heure (nuit du 11 au 12). Dans le même laps de temps, le niveau 850 hPa passe de 1348 mètres à 1555 mètres d’altitude.



Source : KNMI

Le positionnement de l’anticyclone nous laisse cependant encore dans un air maritime tempéré, quelque peu instable mais avec une inversion de subsidence qui s’abaisse de plus en plus. Du coup, les cumulus formés en matinée s’étalent aussitôt en stratocumulus, conférant à la journée un caractère plutôt gris.
Les températures sont de saison, avec 1 à 3°C sur les hauteurs et 8°C en plaine.

12 février 2019
L’influence anticyclonique se confirme, avec un noyau de hautes pressions désormais sur la France. L’inversion de subsidence se trouve à présent vers 1300 mètres d’altitude.


Source : KNMI

Après la dissipation du brouillard matinal, le temps devient assez beau, avec des bancs d’altocumulus / stratocumulus, puis des cirrus et quelques cumulus sous l’inversion (avec parfois à nouveau étalement en stratocumulus). Ensuite, le ciel devient plus voilé avec cirrus à tendance cirrostratus. Dans le sud du pays, le brouillard reste assez coriace. Au littoral au contraire, pas de brouillard, et pas de cumulus non plus. Le temps est beau avec juste des cirrus et quelques bancs d’altocumulus.
Les maxima se situent entre 8 et 10°C en plaine et entre 2 et 4°C sur les hauteurs. La Gaume, sous le brouillard, reste plutôt froide avec des maxima de 2 à 3°C.

13 février 2019
L’anticyclone gonfle encore et son noyau vient se positionner dans les parages de la Suisse.


Source : KNMI

Le vent souffle désormais de sud à sud-ouest et le temps est beau à légèrement voilé avec des cirrus et cirrostratus après dispersion de quelques stratocumulus matinaux par endroit. La Gaume et une partie de l’Ardenne connaissent des brouillards matinaux qui, en Gaume, sont particulièrement coriaces et ne se dissipent qu’en partie l’après-midi.
Les maxima, jusqu’à présent encore, restent un peu à la traîne et ne sont que légèrement supérieurs aux normes saisonnières avec 7 à 9°C en plaine et autour de 6°C sur les hauteurs. La Gaume, en raison du brouillard, reste plus froide avec 5°C seulement.

14 février 2019
Une Saint-Valentin magnifique !
Le noyau de l’anticyclone se trouve à présent sur le sud de l’Allemagne et les vents prennent une orientation sud à sud-est, plus tard sud-est à est. C’est maintenant de l’air très doux pour la saison qui est acheminé vers nos régions.



Source : KNMI

Le matin est cependant froid encore, avec une grande différence entre plateau et vallée ou plaine. En Basse et Moyenne Belgique, on enregistre 1 à 2°C sur les plateaux et jusqu’à –3°C en plaine. En Haute Belgique, les contrastes sont plus marqués encore avec parfois 3°C sur les plateaux et –5°C dans les creux et vallées.
En journée, les températures atteignent 11 à 14°C sur les Hauts Plateaux et à peu près autant en Basse et Moyenne Belgique, ce qui prouve que les inversions ne se résorbent encore que très partiellement. Mais sous le soleil avec à peine quelques cirrus, le temps est on ne peut plus agréable. Localement, les inversions se résorbent déjà mieux, avec par exemple 16,4°C à Hastière ; 16,2°C à Genk ; 15,7°C à Koersel et 15,5°C à Dourbes tout comme à Uccle.

15 février 2019
Avec un gros anticyclone bien installé sur le continent, à l’est de nos régions, l’apport d’air doux du sud s’affirme un peu plus encore. En altitude, les températures sont étonnamment hautes pour un mois de février, avec un bulle d’air à 10-11°C au niveau 850 hPa sur la France qui déborde sur la Belgique dès le soir. Vers 1000 mètres, cela se traduit en températures de 12-13°C ce qui, en surface, donne déjà des températures presque estivales par endroit.


Source : KNMI

Mais d’abord, la nuit est encore froide aux endroits exposés au froid radiatif. On observe des gelées à –2°C voire –3°C sur les plaines du nord du pays, et jusqu’à –4°C à Elsenborn (mais +6°C à l’aérodrome de Spa tout comme à Saint-Hubert).
En journée le soleil, présent dans un ciel sans nuages sur tout le pays, est déjà assez fort pour venir à bout de l’inversion thermique aux endroits privilégiés. Plusieurs stations affichent plus de 18°C comme Liège-Angleur (19,1°C), Diepenbeek (18,4°C), Liège-Bierset (18,1°C), Uccle (18,1°C) et Hastière (18,0°C). Ce sont des températures exceptionnelles pour une 2e décade de février, qui frôlent les records.
À noter que certaines de ces stations ont des écarts particulièrement importants entre le jour et la nuit, comme Diepenbeek (–2,7°C / 18,4°C) et Hastière (–2,6°C / 18,0°C). Des écarts de température supérieurs à 20°C entre le jour et la nuit sont rares en février.
Si l’on prend l’ensemble du territoire, on peut noter que sous un petit vent de sud-est à sud, les températures maximales se situent le plus souvent entre 15 et 18°C en plaine et entre 14 et 17°C sur les hauteurs. Quelques endroits à l’ouest du pays, mais aussi en Gaume, sont moins privilégiés. Là, sous une inversion coriace, les maxima ne dépassent pas 13 à 15°C (13,4°C à Aubange ; 13,9°C à Buzenol ; 14,6°C à Passendaele ; 14,7°C à Beitem). Mais en plein soleil sur une terrasse, il fait très bon là aussi.

16 février 2019
L’anticyclone change un peu de forme et le vent bascule au sud-ouest, ce qui nous amène de l’air un brin moins doux. Le temps reste beau cependant, avec juste l’apparition de quelques cirrus à nouveau.


Source : KNMI

Ce sont surtout la Basse et Moyenne Belgique qui perdent quelques degrés, avec des maxima entre 13°C à l’ouest et 15°C à l’est. En Haute Belgique, dans la vallée de la Meuse et dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, les températures restent élevées, avec 17,4°C à Hastière ; 16,8°C à Dourbes ; 16,2°C à Humain et encore 15,7°C à Spa. Sur les Hautes-Fagnes, on observe 14,3°C à Mont-Rigi.
Ici et là, on note à nouveau de gros écarts entre le minimum et le maximum, comme par exemple à Aubange (–5,0°C / 15,2°C) et à Hastière (–2,4°C / 17,4°C).
Le vent, lui, reste faible à tous les niveaux, avec une subsidence anticyclonique encore bien présente.

17 au 23 février 2019
Très lentement, une influence quelque peu dépressionnaire se met en place, avec une circulation de sud-sud-ouest qui continue de nous apporter de l’air très doux, mais avec un temps un peu moins ensoleillé. Quelques perturbations s’approchent de notre pays et finissent même par le traverser, mais sous une forme très affaiblie. Tout au plus observe-t-on quelques petites pluies et bruines durant la nuit du 18 au 19, qui donnent ici et là quelques dixièmes de millimètres. Quelques stations seulement, près des reliefs, récoltent un peu plus d’un millimètre de précipitations.


Source : KNMI

Les températures, qui sont restées très douces pour la saison jusque là (5 jours consécutifs ≥ 15°C à Uccle), marquent un recul après le passage perturbé et viennent s’établir, pour quelques jours, entre 10 et 14°C en plaine et entre 8 et 11°C sur les hauteurs. Un nouvel anticyclone nous ramène cependant le beau temps, avec quelques cumulus (instabilité de basses couches dans l’air maritime), surmontés selon les jours de quelques altocumulus ou stratocumulus, ou alors d’un voile de cirrus ou cirrostratus.
Le 22 février, un pseudo-front froid, délimitant un air un peu plus frais sur l’Allemagne, vient lécher l’est des Pays-Bas et de la Belgique avant de traverser ces deux pays d’est en ouest. Il s’ensuit une journée en mineur, avec brouillard et stratus, suivi de nombreux stratocumulus, et peu ou pas d’éclaircies. À nouveau, quelques gouttes tombent ici et là. Seules les Hautes-Fagnes récoltent plus d’un millimètre. À Uccle, on n’observe toujours pas une goutte.
Le 23 février, le grand beau temps nous revient, avec ciel bleu et quelques cirrus, mais l’impulsion d’air un peu plus frais d’Allemagne, poussée par un petit vent d’est, limite encore la hausse des températures, avec des valeurs qui n’atteignent « que » 13 à 15°C en plaine et 11 à 12°C sur les hauteurs. Quelques vallées, ainsi que l’Entre-Sambre-et-Meuse, montent déjà à 16°C.

24 février 2019
Tout est en place, désormais, pour de nouveaux records de douceur. Le noyau anticyclonique s’établit sur la Tchéquie et l’Autriche, ouvrant la voie pour de nouveaux courants méridionaux. Une couche d’air chaud en altitude favorise déjà les plateaux de l’est du pays, avec 15,9°C à Mont-Rigi ; 16,5°C à Elsenborn et 16,4°C à l’aérodrome de Spa.
En Basse et Moyenne Belgique, malgré le soleil déjà plus fort de fin février, brillant parmi quelques cirrus, l’inversion ne se résorbe que partiellement et les maxima sont guère supérieurs à ceux de Haute Belgique, avec des valeurs souvent comprises entre 15 et 17°C.

25 février 2019
Nous sommes en plein régime anticyclonique, avec des hautes pressions dépassant les 1035 hPa au-dessus de nos têtes et un noyau juste au nord.


Source : KNMI

À l’exception de quelques rares cirrus ici et là, le ciel est serein et nous sommes à nouveau dans l’air particulièrement chaud pour la saison, avec des températures de l’ordre de 18-19°C en plaine et 15-17°C sur les hauteurs. La palme revient à Kruishoutem avec 19,6°C. Il s’agit d’une température tout à fait exceptionnelle pour cette station, pulvérisant le dernier record de février, qui était de 17,0°C le 20 février 1990.
Quelques autres stations battent aussi déjà leur record de février :
Stabroek 19,1°C (préc. record : 17,7°C le 20/02/1990)
Sint-Kat.-Waver 18,4°C (préc. record : 18,1°C les 20 et 24/02/1990)
Koersel 19,1°C (préc. record : 18,7°C le 20/02/1990)
Hastière 19,4°C (préc. record : 18,6°C le 20/02/1990)
Mont-Rigi 16,7°C (préc. record : 16,2°C le 24/02/1990)
Elsenborn 17,1°C (préc. record : 17,0°C le 24/02/1990)

Mais ce n’est encore qu’un début.

26 février 2019
Un vaste anticyclone continue à nous envelopper dans un air particulièrement chaud pour la saison. Le noyau de ces hautes pressions se retrouve juste au nord-est de nos régions.


Source : KNMI

Le temps continue à être particulièrement ensoleillé, avec par moment quelques cirrus, principalement en première moitié de journée. Les températures, en bien des endroits, sont maintenant tout à fait extrêmes. Voyez la liste ci-dessous :
Mont-Rigi 18,6°C (préc. record : 16,7°C [la veille])
Elsenborn 18,9°C (préc. record : 17,1°C [la veille])
Saint-Hubert 16,4°C (préc. record : 16,0°C le 15/02/1998)
Hastière 20,2°C (préc. record : 19,4°C [la veille])
Florennes 17,9°C (préc. record : 18,1°C les 23 et 24/02/1990)
Dourbes 19,2°C (préc. record : 18,7°C 20/02/1990+14/02/1998)
Uccle 20,2°C (préc. record : 19,4°C le 29/02/1960)
Chièvres 18,5°C (préc. record : 18,4°C le 28/02/1960)
Lille (FR) 19,0°C (préc. record : 18,9°C le 29/02/1960)
Middelkerke 17,9°C (préc. record : 17,8°C le 04/02/2004)
Beitem 18,4°C (préc. record : 18,0°C le 24/02/1990)
Kruishoutem 19,6°C (record égalé : 19,6°C [la veille])
Stabroek 19,8°C (préc. record : 19,1°C [la veille])
Sint-Kat.-Waver 18,5°C (préc. record : 18,4°C [la veille])
Koersel 20,2°C (préc. record : 19,1°C [la veille])

Pour certaines stations, il s’agit de valeurs historiques. Uccle, avec ses 20,2°C, bat non seulement le record de février qui date de 1960, mais produit aussi son jour de printemps (T° ≥20°C) le plus précoce de son histoire. Les 20,2°C de Koersel et de d’Hastière sont tout aussi remarquables.
En Haute Belgique, les records de Mont-Rigi et d’Elsenborn sont littéralement pulvérisés. Il faut savoir, en fait, que trois facteurs réchauffent l’air sur notre pays en ce moment : l’apport d’air méridional, la compression de l’air par la persistance du puissant régime anticyclonique et le soleil de fin février qui devient de plus en plus chaud.
Le Plateau fagnard, situé peu en dessous de l’inversion de subsidence, voit cette inversion se résorber par quelques heures de soleil seulement, d’où ces températures particulièrement élevées. En effet, avec quelques 11°C à 1500 mètres (d’après le modèle Arôme), il peut facilement faire 18/19°C sur un plateau situé à 600/700 mètres d’altitude.
En Ardenne, on notera aussi en passant les très remarquables 19,4°C de Bièvre.
En plaine et dans les vallées, au vu des températures observées, l’inversion s’est bien résorbée, mais on note quand même quelques disparités. Uccle par exemple monte à 20,2°C alors que Beauvechain et Gembloux n’atteignent que 17,2°C. Saint-Hubert, avec 16,4°C, est également décevant par rapport à Mont-Rigi qui, bien que situé sur un même type de plateau mais plus haut, arrive à 18,6°C. La hauteur du soleil au midi solaire, désormais à environ 30° au-dessus de l’horizon (un peu plus au sud, un peu moins au nord), est généralement suffisante pour résorber les inversions au sol par temps anticyclonique, mais il peut encore y avoir quelques ratés, avec des températures localement moindres que ce qu’on aurait pu espérer.
Enfin, notons encore quelques gros écarts de température entre nuit et jour aux endroits exposés :
Elsenborn min –3,7°C / max 18,9°C
Koersel min –1,6°C / max 20,2°C
Hastière min –1,2°C / max 20,2°C
Diepenbeek min –1,1°C / max 19,8°C

Et pour être vraiment complets, il nous reste juste encore un mot à dire sur la sécheresse de l’air.
Uccle 30% à 16 h
Buzenol 28% à 16 h
Saint-Hubert 27% à 16 h
Elsenborn 26% à 15 h
Mont-Rigi 26% à 15 h

27 février 2019
L’anticyclone commence à faiblir (< 1030 hPa), mais influence encore très favorablement le temps sur nos régions.


Source : KNMI

Le ciel est tout à fait serein sur tout le pays et les températures sont souvent plus extrêmes encore que celles de la veille. Faisons tout de suite le point :
Angleur (Liège) 22,4°C (préc. record : 21,1°C le 24/02/1990)
Spa (aérodrome) 19,5°C (préc. record : 18,8°C [la veille])
Saint-Hubert 18,6°C (préc. record : 16,4°C [la veille])
Luxembourg (LX) 19,8°C (préc. record : 18,2°C [la veille])
Hastière 22,1°C (préc. record : 20,2°C [la veille])
Florennes 20,0°C (préc. record : 17,9°C [la veille])
Dourbes 22,0°C (préc. record : 19,2°C [la veille])
Beauvechain 19,4°C (préc. record : 18,5°C le 20/02/1990)
Gosselies 19,5°C (préc. record : 18,4°C le 24/02/1990)
Sint-Kat.-Waver 18,8°C (préc. record : 18,5°C [la veille])
Gorsem 20,2°C (préc. record : 19,0°C les 20 et 24/02/1990)
Koersel 20,8°C (préc. record : 20,2°C [la veille])
Kleine Brogel 20,2°C (préc. record : 19,6°C le 28/02/1960)
Maastricht (NL) 19,8°C (préc. record : 19,2°C le 29/02/1960)

Parmi les stations qui ont atteint ou dépassé 20°C, nous avons les suivantes :
Houyet 22,8°C
Angleur 22,4°C
Hastière 22,1°C
Dourbes 22,0°C
Aubange 21,6°C
Koersel 20,8°C
Bièvre 20,3°C
Strée (Huy) 20,3°C
Kleine Brogel 20,2°C
Gorsem 20,2°C
Genk 20,1°C
Diepenbeek 20,1°C
Florennes 20,0°C
Humain 20,0°C
Gouvy 20,0°C

Nous pouvons donc véritablement parler d’un événement climatologique majeur, qui a plus particulièrement touché le sud et l’est du pays. L’ouest et le centre du pays ont été un peu moins extrêmes. Sur la carte des vents, nous pouvons voir une arrivée massive d’air chaud sur la France, poussée par des vents de sud-est à sud. En arrivant sur notre pays, en raison de la position et de la forme du noyau anticyclonique, les vents basculent vers le sud-ouest et propagent cet air chaud sur toute la partie orientale du pays. Les parties centrale et surtout occidentale du pays, par contre, se trouvent dans la prolongation de vents qui soufflent déjà du sud-ouest sur la France aussi, ce qui fait que là, de petites infiltrations maritimes empêchent la température de monter trop haut. Notamment Uccle, Chièvres et Roulers connaissent des températures (un peu) plus basses que la veille.
Enfin, comme pour la veille, terminons sur quelques gros écarts de température entre le jour et la nuit et sur la sécheresse de l’air (les deux étant liés).

Écarts
Charleville(FR) min –4,1°C / max 21,7°C
Aubange min –2,0°C / max 21,6°C
Dourbes min –0,2°C / max 22,0°C
Elsenborn min –2,6°C / max 18,7°C
Diepenbeek min –0,7°C / max 20,2°C

Sécheresse
Dourbes 24% à 15 h
Forennes 24% à 15 h
Elsenborn 24% à 16 h
Mont-Rigi 23% à 16 h

28 février 2019
Le retour à la normale se fait à une vitesse impressionnante. L’effondrement de l’anticyclone a ouvert la porte aux courants atlantiques, avec une première faible perturbation frontale qui traverse le pays en matinée (front arrivant à occlusion à ce moment-là), puis un front plus actif (bien occlus) qui le traverse en fin d’après-midi. Le front froid arrivant du nord, par contre, est sur le point de frontolyser et ne nous concernera pas.


Source : KNMI

Le matin, on observe encore des éclaircies avec des altocumulus et des cirrus, puis le ciel se couvre de stratocumulus qui se doublent de cumulus (et parfois temporairement précédés de stratus). Quelques rares éclaircies se redessinent entre les stratocumulus. En fin d’après-midi, on observe des cumulonimbus avec averses. Au sud du pays, les éclaircies matinales persistent un peu plus longtemps et les averses arrivent plus tard en soirée.
Les vents sont orientés au sud-ouest et les températures maximales le plus souvent se situent entre 12 et 13°C en plaine et entre 10 et 12°C sur les hauteurs. Cela donne sûrement une impression de fraîcheur à bon nombre d’entre nous, mais on est toujours bien au-dessus des normes saisonnières. Mais le côté « anormal » a disparu, sauf dans quelques localités du sud et de l’est qui ont encore connu des valeurs proches de 15°C, toujours fort élevées pour un mois de février (Angleur : 15,1°C ; Aubange : 14,6°C ; Gouvy : 14,2°C).
Ceci met fin à un nouvel épisode hors normes, comme nous en avons connu tant ces dernières années. Il suffit de penser à avril 2007 et à décembre 2015, pour ne citer que ceux-là. Sans oublier que cette même année 2019, quelques mois plus tard, offrira au pays les premiers 40°C de son histoire ! 


Par le passé

Février est un mois très variable, beaucoup plus que les deux autres mois de l’hiver. En février 1956, la température moyenne à Uccle a été de –6,1°C, en février 1961, elle a été de +7,2°C ! En dehors de tout changement climatique, il peut y avoir une différence globale de plus de 13°C entre deux mois de février (pour décembre et janvier, cette différence au sein d’une même période climatique est de 10°C à 11°C).

Au niveau des extrêmes ponctuels, février a toujours été riche en événements froids, chauds, neigeux et autres. Le mois de février 1990, au niveau des différentes tempêtes, a aussi été un mois extrême. Dans le cadre du présent article, contentons-nous des événements chauds.

La première surprise de taille remonte à fort longtemps. Le 10 février 1899 a connu un coup de douceur inédit, avec des records d’une 1re décade de février qui n’ont toujours pas été battus de nos jours pour les stations où nous disposons de températures comparables. En Province de Liège, les 20°C les plus précoces ont souvent été atteints ce jour-là.

Sous un beau soleil après l’effilochement de gros cirrus le matin, les températures sont montées jusqu’à 21,4°C à Liège ; 21,2°C à Flémalle-Haute et à Verviers ; 20,6°C au Barrage de la Gileppe ; 19,8°C à Turnhout, Bourg-Léopold et Hechtel ; 19,7°C à Hasselt et 18,7°C à Uccle. Comme le soleil est encore assez bas sur l’horizon un 10 février et que le vent était bien présent ce jour en 1899, on peut partir du principe que les différences de mesure liées à l’abri utilisé sont très faibles. En d’autres termes, les chiffres précités sont fiables à quelques dixièmes de degré près (erreur < 0,5°C). C’est ce même vent, d’ailleurs, qui a permis au thermomètre de monter aussi haut aussi tôt dans l’année, autrement des inversions se seraient formées.

En février 1959, l’anomalie a fait dans la durée, avec des excès de température moyenne de 4 à 5°C en Haute Belgique et surtout des records pulvérisés au niveau de l’insolation : 182 heures à l’aérodrome de Spa, 186 heures à Botrange et 191 heures à Saint-Hubert, ce qui était digne d’un mois de juin. Du 2 au 8 février et du 12 au 20 février, on n’a vu aucun nuage au-dessus de nos reliefs belges. En plaine par contre, on a observé des périodes de 10 jours consécutifs, voire plus, où le brouillard ne s’est jamais levé. À Anvers, le soleil n’a pas brillé une seule minute entre le 6 et 15 février, soit 10 jours. Ce fut le cas aussi à Chièvres et à Kleine Brogel, mais juste un jour de moins (du 6 au 14 février).

Il a aussi fait particulièrement froid en plaine pendant cette période, avec 7 jours d’hiver à Anvers, Chièvres et Beauvechain (mais parfois 12 à 13°C au même moment sur les hauteurs). À noter, dans ce cas-là aussi, que les situations d’inversion (anticyclonique) commençaient à cesser à partir de la mi-février, avec un soleil qui montait de plus en plus haut au-dessus de l’horizon. Les 27 et 28 février, la Basse et Moyenne Belgique, sous un soleil radieux et 17 à 19°C (18,1°C à Uccle), a même fini par largement dépasser la Haute Belgique.
Le cas des 28 et 29 février 1960 : il s’agissait d’un phénomène plus ponctuel, mais qui sortait aussi du lot ! Même s’ils faisaient suite à un février plus normal que celui de 1959, ces deux jours battaient déjà les records qui venaient juste d’être établis en 1959. Mais cette fois-ci, il a fait bien moins beau.

Le 28 février, le ciel a d’abord été couvert avec des stratus et stratocumulus, puis fort voilé avec de nombreux altocumulus évoluant sous des cirrus et cirrostratus. Malgré cela, les températures explosaient pour un mois de février, pour atteindre 18,1°C à Beauvechain, 18,4°C à Chièvres, 18,5°C à Virton, 18,7°C à Uccle, 19,0°C à Deurne et 19,6°C à Kleine Brogel.
Le lendemain, 29 février, le ciel a été tout aussi voilé avec cette fois-ci principalement des cirrus, cirrostratus et altostratus translucidus, encore accompagné de pas mal d’altocumulus. Les températures, par endroit, ont cependant fait mieux encore, avec 18,3°C à Beauvechain et 18,6°C à Virton. En région Bruxelloise, c’était à l’époque la journée de loin la plus chaude pour un mois de février, avec une température de 19,4°C à Uccle et même de 19,6°C à Zaventem.

Cependant, s’il n’y avait pas eu le voile nuageux, il aurait pu faire encore beaucoup plus chaud. 25°C, même, auraient été possibles ce jour-là. En effet, l’Europe occidentale a connu l’afflux d’air chaud le plus intense de son histoire pour un jour d’hiver. À 1500 mètres d’altitude, en plein flux d’origine saharienne, la température atteignait 14°C, record toujours inégalé jusqu’à ce jour à cette altitude. Entre 500 et 600 mètres, toujours en air libre, la température atteignait même 20°C ! Peu de choses auraient donc suffi, ne fût-ce qu’un rayon de soleil en plus, pour que les températures en surface dépassent largement les 20°C.

1961 : jamais deux sans trois ! Le 14 février 1961 a été la plus belle et la plus chaude Saint-Valentin de tous les temps, avec soleil, cirrus et altocumulus lenticularis et des températures de 17,8°C à Uccle , de 17,9°C à Deurne et de 18,2°C à Kleine Brogel. Et le 17 février, on remettait ça : une journée en tous points quasi similaire à celle du 14 février.


Conclusion

Malheureusement, on arrive toujours à la même conclusion implacable : les événements extrêmes ont toujours existé et on en retrouvera toujours à foison en consultant les archives. Mais leur amplitude et leur fréquence ont changé. Un trio de mois à événements extrêmes, comme février 1959, 1960 et 1961, formaient une « très rare exception » à l’époque. De nos jours, des records de chaleur qui sont battus une année après l’autre n’étonnent presque plus. De même, l’amplitude est inédite. 22,8°C en février, observés à Houyet le 27 février 2019, est quelque chose qui n’a jamais existé auparavant. Et encore moins les 41,6°C observés dans cette même localité de Houyet le 25 juillet 2019 ! On peut certes se dire : on a aussi « failli » avoir de pareils extrêmes en février 1960, en juin 1947 ou en août 1944 ; mais fait est qu’on ne les a pas eus à l’époque, mais bien maintenant !

En outre, le plus gros problème, c’est que l’amplification des phénomènes extrêmes ne concerne pas que le paramètre « température ». Les pluies extrêmes et les inondations qui ont suivi en juillet 2021 se passent de commentaire !

Cependant, un élément semble arriver comme un chien dans le jeu de quilles. Il apparait de plus en plus que le Gulf Stream est en train de ralentir, ce qui va encore changer la donne en Europe Occidentale, et peut-être plus vite qu’on ne pense. Bien sûr, cela n’arrêtera pas le réchauffement climatique mondial, bien sûr cela ne mènera pas au scénario du film « The Day After Tomorrow », mais les pronostics à long terme pour notre climat à nous pourraient en être affectés. Nous reviendrons prochainement sur cet aspect des choses.


Sources

IRM Données de températures, précipitations, etc.
Infoclimat Données de températures, précipitations, etc.
Kachelmann Wetter Données de températures, précipitations, etc.
KNMI Cartes météorologiques et données de neige
KNMI Articles sur le Gulf Stream

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