Vigilance météo
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Retour aux mois d'avril 2021 et 2022 : le froid et la neige quand on ne les attend plus

Préambule

Dans le cadre de notre rubrique "Climats d'hier et d'aujourd'hui", nous allons réanalyser en détail des épisodes météorologiques récents et remarquables de ces dernières années, en essayant d'expliquer en détail les causes et conséquences de ces épisodes, à raison d'une analyse par mois.
Volet suivant de la série : les épisodes hiveranux tardifs d'avril 2021 et 2022.


Introduction

Les années 2021 et 2022, alors que le réchauffement climatique commence à s’emballer, nous ont encore réservé de belles surprises froides, surtout à une période de l’année très inhabituelle.
Alors que 2008 et 2013 nous ont donné des chutes de neige abondantes et tardives en fin mars, avec enneigement conséquent, 2021 et 2022 ont encore fait mieux, avec un enneigement complet du sol à Uccle en avril. Depuis que l’on y mesure régulièrement les épaisseurs de neige (1889), il n’est encore jamais arrivé une seule fois que deux avrils consécutifs présentent un enneigement au sol.
Le 6 avril 2021, on mesure 7 cm de neige à 8h à Uccle, la deuxième épaisseur la plus importante après les 10 cm du 12 avril 1913. À 9h40, on atteindra le maximum avec 9 cm.

Source : IRM

Le lendemain, 7 avril, on mesure à nouveau 4 cm de neige au sol. Ça aussi, c’est exceptionnel. Il faut remonter à 1935 pour retrouver 2 jours consécutifs avec enneigement au sol.
Le 1er avril 2022, on remet ça. À nouveau 3 cm de neige sur le sol ucclois à 8 h. Et cette neige augmentera encore un peu en milieu de matinée. Le lendemain, les Hautes-Fagnes connaîtront 11 cm de neige à Mont-Rigi, et on parle même de 18 cm à Weisser Stein, à la frontière allemande. Le 3 avril, c’est le froid qui s’installe avec jusqu’à –5°C en plaine et de –7 à –9°C sur les hauteurs de l’est, voire encore moins dans certaines vallées (–13,3°C à Murringen).

Analysons à présent ces deux épisodes de froid tardif.


L’épisode de 2021

Les jours qui précèdent

Cet épisode hivernal est vraiment celui qu’on n’attendait plus. Les 30 et 31 mars ont même été exceptionnellement chauds pour la saison. Durant ces deux jours, le ciel est serein ou peu nuageux avec des cirrus, et les températures explosent littéralement. Le 30 mars, on relève 23,9°C à Uccle ; 24,0°C à Dourbes et même 25,2°C à Liège-Angleur. Le 31 mars, Uccle enregistre à nouveau 23,9°C pendant que d’autres stations vont même un cran au-dessus, avec 26,8°C à Koersel ; 25,4°C à Dourbes et même 25,1°C à Kruishoutem, à l’ouest du pays. Pour la plupart des stations, les records de mars sont battus, voire pulvérisés.
Le 1er avril est encore une belle journée très douce avec 19 à 22°C en plaine, mais un ciel déjà quelque peu délavé. À l’ouest de Courtrai et de Gand, il fait déjà frais à ce moment, avec à peine plus de 10°C en journée.
Du 2 au 4 avril, et même encore le 5 en début de journée, nous connaissons un temps de saison, avec des températures somme toutes assez proches des normales. Mais après, les températures chutent très fort et dès le début de l’après-midi du 5 avril, les averses de pluie se transforment en neige même en plaine. À Bruxelles, le sol commence à blanchir en fin d’après-midi.

Premier enneigement en soirée du 5 avril 2021 à Bruxelles (Neder-Over-Heembeek).
Photo : Philippe Mievis

6 avril 2021

Dans bien des régions, il s’agit d’une journée exceptionnelle. À Uccle, comme déjà précisé, la couche de neige atteint 7 cm à 8 heures. Ailleurs dans le pays, on mesure aussi des épaisseurs remarquables pour la saison. À Bierset, la couche atteint 4 cm à 8 heures, mais monte jusqu’à 6 cm à 11 heures. Non loin de là, à Alleur, des témoignages font état d’une couche de 15 à 20 cm ! À Waremme, c’est une webcam qui montre un épais manteau neigeux.
En gros, on peut dire que la majeure partie du pays est couverte de neige en matinée, ce qui est très rare en avril.


Neige au sol en Basse et Moyenne Belgique ce 6 avril 2021, comme ici à Bois de Villers.
Photo : Koen Vandenbussche.

Le nord et l’ouest du pays font exception, en raison de températures trop élevées, mais c’est le cas aussi pour toute la façade sud-ouest du pays en raison de l’effet écran des Îles Britanniques qui réduit le potentiel des giboulées. Ainsi, il n’y a pas de neige à Audenaerde et à Ellignies-Sainte-Anne (près de Leuze-en-Hainaut), très peu de neige à Dourbes et... à peine une fine couche à Saint-Hubert.
Le temps est influencé par de l’air arctique, circulant entre une profonde dépression sur la Scandinavie et un anticyclone qui reste bien ancré sur le nord de l’Océan. L’air est très froid en surface, mais tout à fait extrême en altitude. Au niveau 500 hPa (5280 mètres), la température atteint –41°C, ce qui pulvérise le record d’avril (–37°C le 08/04/1977) et bat presque le record tous mois confondus (–42°C le 31/01/2003 ; –41°C les 02/02/1956 et 01/03/2006). Si l’on ramène à l’altitude standard de 5500 mètres (l’altitude du géopotentiel 500 hPa étant variable), nous avons –44°C pour le 6 avril 2021 (qui est même une mesure réelle : –44°C à 5498 m) et là, nous tombons ex-aequo avec le 31 janvier 2003 (mesure réelle : –44°C à 5476 m).
Inutile de dire qu’avec de telles températures en altitude, l’instabilité se maintient malgré le froid et ce, de jour comme de nuit. En d’autres termes, nous avons une succession d’averses de neige parfois fortes, séparée par de belles éclaircies dans un air très limpide. Les cumulus et cumulonimbus sont souvent visibles de loin, et il n’y a pas trop de stratocumulus d’étalement.


Aéroport de Bruxelles-National
Crédit photo : Michael Baillie

Comme déjà évoqué, la plupart des cumulus sur le sud-ouest du pays n’arrivent pas à dépasser le stade humilis / mediocris en raison de l’effet écran des Îles Britanniques, et quelques-uns seulement se développent en cumulonimbus avec averses.

Les températures parviennent à remonter un court moment pendant les éclaircies, avec des maxima le plus souvent compris entre 4 à 6°C en plaine (7°C sur le sud-ouest) et jusqu’à 2°C sur les hauteurs ardennaises. Mais sous les averses, les températures retombent aussitôt, parfois même en dessous de 0°C en plaine en plein milieu de l’après-midi. Du côté des Hautes-Fagnes, de toute façon, les températures n’atteignent pas 0°C, avec un maximum de –1,9°C à Mont-Rigi et –0,7°C à Elsenborn. (Rappelons qu’à Saint-Hubert, qui bénéficie encore un peu de l’effet d’écran des Îles Britanniques, le maximum atteint 2,0°C.)


En cours de soirée, le gel se généralise, sauf dans les régions situées à l’ouest de Gand et de Courtrai.

7 avril 2021

En ce matin du 7 avril, une plus grande partie encore du pays, par rapport à la veille, est recouverte de neige. Seul l’ouest, et en partie le nord de la Belgique sont épargnés. Mais dès Malines, Gand et Courtrai, le sol est déjà blanc.

En plaine, c’est surtout le nord-est qui est affecté, avec par exemple 6 cm à Koersel. Dans toute cette région, la neige se maintiendra au sol tout au long de la matinée, et ne fondra qu’en cours d’après-midi.

Au centre du pays, Uccle relève 4 cm de neige, et celle-ci disparaît à la mi-journée.

Sur les reliefs, la différence demeure grande entre le Plateau ardennais, qui reste pauvre en neige, et toute la région des Hautes-Fagnes et environs qui, par endroit, a reçu un véritable paquet de neige. Des couches de neige de 27 cm sont mesurées à Xhoffraix (515 m), et de 24 cm au Signal de Botrange (694 m).


24 cm dans nos Hautes Fagnes, comme ici à Botrange.
Photos : Alexis Papapanayotou

Si les 24 cm à Botrange, à cette saison, sont déjà remarquables, les 27 cm de Xhoffraix sont exceptionnels pour cette tranche d’altitude (515 m). Seule l’année 1935 a fait mieux, avec 35 cm à Drossart (511 m) le 7 avril.

Parmi les données officielles, nous avons 13 cm à Mont-Rigi (670 m) à 8h, mais cette couche augmentera en cours de matinée, pour atteindre 22 cm, donc juste un peu moins que Botrange.
Situation atmosphérique : au sein de l’air arctique, une petite perturbation plus organisée affecte principalement le nord et l’est du pays, mais la zone neigeuse associée s’étend jusqu’au centre, voire le centre-ouest du pays.

Source : KNMI

Les nuages de cette perturbation restent ensuite traîner une partie de la journée, ce qui fait que l’ambiance est plus grise que la veille. Nous avons donc un altostratus, en dessous duquel se forment tour à tour des stratus, des fractus et des stratocumulus. L’après-midi, l’altostratus disparaît et nous observons alors principalement des cumulus et des stratocumulus avec quelques éclaircies. Sur l’ouest du pays, l’altostratus est moins présent avec, là, de meilleures éclaircies.

Une forte hausse des températures en altitude génère une inversion vers 2500-3000 mètres, qui empêche le retour de la convection à l’arrière de la perturbation.

En surface, les maxima sont en hausse aussi, mais cette hausse est bien moindre. L’après-midi, les températures varient entre 6 et 8°C en plaine et se situent à nouveau autour de 2°C sur le Plateau ardennais. Dans les Hautes-Fagnes, les gelées permanentes persistent avec –1,3°C à Mont-Rigi.

Les jours qui suivent

À partir du 8 avril, la neige n’intéresse plus que la Haute Belgique. Dans les Hautes-Fagnes, le paysage est encore parfaitement hivernal en matinée. Mais le dégel y arrive dès la mi-journée. Malgré cela, le sol de Mont-Rigi restera entièrement enneigé jusqu’au 9 avril et partiellement enneigé jusqu’au 10 avril au soir. Le 11 avril, alors que quelques traces subsistent encore au sol le matin, un nouvel enneigement complet se produira en matinée et persistera jusqu’au 13 vers midi, avant une fonte progressive l’après-midi et le lendemain.

8 avril dans les Hautes Fagnes
Photo : Alexis Papapanayotou


L’épisode de 2022


En 2022, on « remet ça », le 1er avril cette fois-ci avec 3 cm à Uccle, augmentant vers 4-5 cm en matinée. À nouveau, le mois de mars qui précède a été particulièrement printanier, même si les pointes de températures sont moins extrêmes que celles de 2021. Le soleil et la sécheresse (227h14 de soleil, 63% d’humidité relative et 2,2 mm de précipitations : 3 valeurs records à Uccle) ont cependant procuré une sensation plus qu’agréable, qui ont fait complètement oublier l’hiver.

À partir du 29 mars, le temps change, avec nuages et baisse progressive des températures. Dans les Hautes-Fagnes, l’hiver arrive dès le 31 mars avec un sol déjà enneigé toute la journée (2,5 cm). Ailleurs, l’hiver se manifeste avant tout à partir du 1er avril.

1er avril 2022

Dès la soirée de la veille au littoral, la pluie se transforme en neige sous un vent fort, avec des températures qui se rapprochent de 0°C. Mais là, ces températures remontent plus tard dans la nuit et la neige se retransforme en pluie. À Anvers par contre, la pluie qui se transforme en neige aux petites heures du matin forme aussitôt une couche de 1 cm au sol. À Bruxelles (Uccle), cette couche atteint 3 cm à 8 heures et montera jusqu’à 4-5 cm en milieu de matinée. L’aéroport de Bruxelles-National, à ce moment, relève 2 cm. Toutes les communes bruxelloises présentent un aspect blanc en matinée et, dans les parties plus hautes de la ville, la couverture neigeuse reste complète jusqu’en fin de journée.

Source : IRM

Il faut savoir qu’une grande partie de la Basse et Moyenne Belgique est enneigée en ce 1er avril. À 9 heures du matin, la couverture neigeuse est complète, entre autres, du côté de Mouscron, Roulers, Gand, Wetteren, Ninove, Waterloo, Braine-l’Alleud et Nivelles. Parmi les mesures officielles (8 heures), nous avons aussi 3 cm à Passendaele, 1 cm à Anvers et 1 cm à Koersel.

Du côté de Namur, il faut attendre un peu, avec un enneigement qui se met en place que plus tard en matinée. À Cerfontaine, c’est jusqu’à la mi-journée qu’il faut attendre, pour un enneigement bref et peu significatif, tandis que les alentours de Liège ne reçoivent que peu ou pas de neige. C’est d’ailleurs vrai aussi pour le massif ardennais : Saint-Hubert n’a que des traces d’enneigement au sol. À Ciney, il est question de « quelques flocons qui voltigent parfois mais fondent en touchant le sol ».
Dans les Hautes-Fagnes, la neige tombée la veille se maintient au sol.

Le ciel très nuageux à couvert – nimbostratus neigeux suivi de stratocumulus, parfois doublés de cumulus et se situant sous une nappe de cirrostratus/altostratus – est responsable de températures maximales très basses pour un mois d’avril. À Uccle, ce maximum est de 2,4°C, et il faut remonter à 1966 pour trouver plus bas. Cette année-là, le thermomètre ne dépassa guère 1°C le 14 avril.

Webcam MeteoBelgique de Braine l’Alleud à 14 h

À Bierset, le maximum reste coincé à 0,8°C, un dixième de degré plus bas que les 0,9°C du 11 avril 1986. À Florennes (279 mètres), on se situe déjà dans les gelées permanentes avec un maximum de –0,2°C. Dans les Hautes-Fagnes, le maximum s’établit à –2,0°C (le record étant de –4,0°C le 11 avril 1986). En plaine, on remarquera encore le maximum de 2,2°C à Genk et de 2,4°C à Kleine Brogel.
La région côtière connaît un temps moins gris, avec un nimbostratus pluvieux qui cède rapidement la place à un voile d’altostratus doublé de cumulus, altostratus qui s’effiloche à son tour avec de belles éclaircies qui s’en suivent, au milieu de cumulus plus ou moins développés. Là, les températures maximales s’établissent à 6°C, tandis qu’elles atteignent encore 5°C à Beitem et Passendaele (avec fonte complète de la neige).

2 avril 2022

Notre pays se trouve à présent soumis à des courants de nord-nord-est acheminant de l’air froid et faiblement instable d’origine arctique. Dans un premier temps, le ciel est encore voilé de cirrostratus / altostratus (sauf sur l’ouest), puis des éclaircies se développent avec cumulus et petits cumulonimbus donnant des flocons de neige et bien souvent des virgas. En dehors, on observe aussi une forte tendance à l’étalement, avec diminution progressive des éclaircies.

Sur l’est du pays, le ciel est d’abord couvert avec chutes de neige. Bien des régions qui ont été épargnées, ou presque, par la neige la veille sont à présent blanches. C’est notamment le cas de Beausaint, de Saint-Hubert mais aussi de Liers, près de Liège. Dans les Hautes-Fagnes, la couche atteint désormais 11 cm à Mont-Rigi. À Soiron (hauteurs de Pépinster-Verviers), on signale 7 cm à 260 mètres d’altitude. À Weisser Stein (frontière belgo-allemande), on parle même de 18 cm.

Sourbrodt dans les Cantons de l’Est, à 14h.

Le côté ardennais, par contre, reste le parent pauvre. Même si la situation neigeuse est bien meilleure que la veille, ce n’est toujours pas la gloire. À Beausaint (376 m), par exemple, la mince couche de neige présente le matin fond dès midi et disparaît en début d’après-midi.

En Basse et Moyenne Belgique, on observe parfois encore des traces de neige au sol, comme par exemple à Uccle, Waremme, Liers ou Genk.

Les températures maximales, grâce aux éclaircies en de nombreux endroits, sont moins froides que la veille, mais restent bien en dessous des normes saisonnières, avec 5 à 7°C en plaine et 0 à –2°C sur les hauteurs. Mont-Rigi ne dépasse pas –1,6°C, Saint-Hubert ne dépasse pas –0,4°C. La limite des gelées permanentes se situe vers les 500 mètres d’altitude.
Le soir et la nuit, le ciel se dégage en toutes régions et les températures dégringolent.

3 avril 2022

Il fait froid ! Au petit matin, certaines températures sont inférieures à –5°C même en Basse Belgique. C’est le cas, notamment, à Retie (–5,3°C) et à Kleine Brogel (–5,2°C). Genk, avec –4,6°C, n’en est pas loin. Uccle, avec –2,9°C, connaît aussi une valeur inhabituellement froide pour un mois d’avril, mais pas un record (–4,7°C le 12 avril 1986). En Haute Belgique, ce sont les régions enneigées qui connaissent les températures les plus basses. Mont-Rigi descend à –7,2°C ; Elsenborn à –7,9°C. Neu-Hattlich (à quelques 3 kilomètres de la frontière allemande) est la station la plus froide du réseau de l’IRM avec –9,3°C. À Murringen (un peu à l’est de Bullange), la station du Club Météo Belge enregistre –13,3°C.

Source : IRM

Ces températures sont remarquables, mais on a déjà vu bien pire. Le 12 avril 1986, il a fait plus froid encore, avec –13,8°C à Neu Hattlich (donc 4,5°C plus froid qu’en 2022), mais aussi –12,4°C à Hockai et –12,1°C au Parc Naturel de Botrange. Cette année-là, c’est surtout la côte qui connaissait la neige, avec 7 cm à Middelkerke à la mi-journée (mais 1 cm seulement à 8h).
Le temps : en ce 3 avril 2022, le ciel est d’abord serein ou peu nuageux, puis des cumulus se forment et tendent à s’étaler, ce qui donne un ciel nettement plus nuageux. Ici et là, des développements plus importants donnent quelques gouttes de pluie. Parfois, il s’agit aussi de virga.

Les températures maximales continuent leur lente remontée, avec 7 à 8°C (localement 9 à 10°C) en Basse et Moyenne Belgique, et 2 à 3°C en Haute Belgique. Ces températures positives, associées à un assez bon ensoleillement sur l’est du pays, font fondre la neige presque partout. À Sourbrodt, l’enneigement reste intact jusqu’à la mi-journée, puis la neige fond rapidement en cours d’après-midi, pour ne laisser que des traces en soirée.

Du côté de Mont-Rigi, sur les plus hauts plateaux donc, la neige résiste mieux, mais perd beaucoup de son épaisseur.
Malgré une nouvelle nuit froide, cependant, l’épisode hivernal est en passe de se terminer, et le 4 avril en journée, la couche de neige devient incomplète en journée à Mont-Rigi et, après quelques flocons temporaires en après-midi, fondra avec l’arrivée de la pluie et de l’air plus doux.

Les jours qui suivent

Après ces premiers jours d’avril très hivernaux, le temps redevient plus « atlantique », avec des précipitations et des températures proches des normes saisonnières. Le 7 avril, le déplacement d’une dépression de l’Écosse au sud de la Scandinavie nous vaut même des vents forts. Des rafales de 80 à 90 km/h sont observées sur une grande partie du pays.

Le 8 avril, une autre dépression prend un parcours plus méridional, avec des vents forts cette fois-ci sur la France (autour de 100 km/h sur la partie centrale, plus encore sur le sud).

On note aussi de fort contrastes thermiques au sud de Paris. À Orléans, la température atteint 15°C à 14h sous un fort vent de sud-ouest tandis qu’à 20h, sous un vent toujours assez fort, mais de nord, la thermomètre n’affiche plus que 5°C. Une heure plus tard, on passe à 3°C. À Troyes, on passe de 16°C à 15h à 2°C à 22h, avec de la neige qui se mêle à la pluie.

Chez nous, ce sont surtout les Hautes-Fagnes et l’Ardenne qui sont à nouveau frappées par le froid et la neige. À Mont-Rigi, sous des précipitations neigeuses soutenues par moment, la température ne dépasse pas 1,7°C à la mi-journée. Puis l’après-midi, on reste proche de 0°C. La neige, déjà présente au sol le matin, après une très légère tendance à la fonte vers midi, augmente rapidement l’après-midi pour atteindre une dizaine de centimètres en fin de journée.

Crédit photo : Alexis Papapanayotou

Cette neige ne concernera pas, ou très peu, les régions situées à plus basse altitude. L’Entre-Sambre-et-Meuse connaîtra quelques flocons avec une température descendant temporairement à 0,7°C (16 h) à Florennes.


Conclusion

 Il s’agit là de deux épisodes hivernaux (très) tardifs que l’on peut considérer comme remarquables, d’autant plus qu’ils ont concernés deux années consécutives. Cela semble étonnant dans le contexte actuel de réchauffement climatique, mais ce n’est pas si étonnant que ça.

L’évolution du climat montre à la fois une hausse des températures et un écart plus grand entre les extrêmes de la température. Pour ce qui est des phénomènes caniculaires, les deux tendances vont dans le même sens, ce qui fait que les records de chaleur sont non seulement souvent battus, mais aussi « pulvérisés ». Les extrêmes observés le 25 juillet 2019 (Uccle : 39,7°C), le 15 septembre 2020 (Uccle : 34,3°C) ou encore le 29 octobre 2022 (Uccle : 25,5°C) en sont des exemples.

Pour les extrêmes de froid, les tendances s’opposent. Le réchauffement climatique général rend le froid moins intense, mais les modifications intervenues dans la circulation atmosphérique accentuent les extrêmes, ce qui tend au contraire à renforcer les extrêmes de froid.

L’un dans l’autre, on constate ces dernières années une raréfaction des phénomènes de froid, mais quand ils se produisent, des records mêmes anciens peuvent toujours être approchés, voire battus.
En d’autres termes, le réchauffement climatique ne nous protège pas vraiment des événements hivernaux extrêmes ponctuels. Les situations de blocage récurrentes n’y sont sûrement pas étrangères : des anticyclones persistants ou alors des gouttes froides peu mobiles, et parfois intenses, avec des surprises froides et souvent neigeuses à la clé, même hors saison.


Sources

IRM : Données de températures, précipitations, etc.
KNMI : Cartes météorologiques
Infoclimat : Données de températures, précipitations, etc.
Kachelmann Wetter : Données de températures, précipitations, etc.
University of Wyoming : Sondages atmosphériques

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