Vigilance météo
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Retour en septembre 2023 : à nouveau un automne très chaud

Préambule

Dans le cadre de notre rubrique "Climats d'hier et d'aujourd'hui", nous allons réanalyser en détail des épisodes météorologiques récents et remarquables de ces dernières années, en essayant d'expliquer en détail les causes et conséquences de ces épisodes, à raison d'une analyse par mois. Troisème volet de la série : l'automne de 2023 et la première vague de chaleur jamais enregistrée en septembre.


Introduction

L’automne 2023 a été à nouveau très chaud. Avec une moyenne globale de la température de 13,4°C à Uccle (normale = 11,2°C), il est le deuxième automne le plus chaud de l’histoire climatologique belge, après celui de 2006 (13,9°C). Ponctuellement toutefois, les extrêmes de température sont plus marqués en 2023 qu’en 2006.

Pour les autres paramètres, on peut littéralement parler d’un automne coupé en deux. Notamment en termes d’insolation. La première moitié de l’automne (1er septembre – 15 octobre), on observe 270h08 de soleil à Uccle, soit la deuxième valeur la plus élevées des 30 dernières années. La deuxième moitié de l’automne (16 octobre – 30 novembre) n’enregistre que 68h56 de soleil, toujours à Uccle, soit la valeur la plus basse des 30 dernières années.

Cela se reflète aussi au niveau de la pluie. La première moitié de l’automne ne compte que 12 jours de pluie tandis que la seconde en compte 40. Il s’agit de deux records en sens opposé. Les quantités de précipitations sont aussi fort élevées en cette deuxième moitié d’automne, et même tout à fait hors normes dans le sud de la Flandre Occidentale. À la station de Beerst (Dixmude), on ne mesure pas moins de 274,8 mm d’eau rien que pour le mois de novembre.

Malgré cela, la deuxième moitié de l’automne reste trop chaude aussi, même si c’est dans des proportions moindres. Seule la fin du mois de novembre a été froide, avec même une couverture neigeuse sur nos Hautes-Fagnes durant 7 jours.


La première vague de chaleur à Uccle en septembre.

Les critères d’une vague de chaleur officielle dans la station de référence d’Uccle sont les suivants :

- Au moins 5 jours d’été consécutifs (température maximale ≥ 25°C)
- Dont 3 jours de chaleur (température maximale ≥ 30°C)

Jusqu’à présent, les vagues de chaleur les plus tardives ont été observées entre le 26 et le 31 août (en 1930 tout comme en 1942).
En 2023, on observe en septembre 8 jours d’été consécutifs dont 6 jours de chaleur, soit une vague de chaleur qui dure du 4 au 11 septembre. Cette vague de chaleur se produit en outre produite au sein de la décade de septembre la plus chaude jamais observée. La température moyenne s’élève à 21,7°C (maximum moyen = 28,3°C ; minimum moyen = 15,9°C). Une telle décade serait considérée comme très chaude même au cœur de l’été.

Voyons en bref ce qui s’est passé de jour en jour.

1er septembre 2023

Le 1er septembre n’est pas du tout représentatif de la période qui va suivre. Il pleut en continu sous un ciel parfaitement gris, un nimbostratus qui persiste une bonne partie de la journée.


Webcam MB – Bruxelles (Schaerbeek) – 1 septembre 2023 à 10h

Les quantités de précipitations sont importantes, surtout sur le centre du pays et, localement, aussi à l’ouest. À Uccle, entre 4 et 13 heures, il tombe 27 mm d’eau, dont 20 mm entre 9 et 11 heures. À Zaventem pendant ce temps, on relève 36 mm et même 51 mm à Anderlecht, dont 46 mm entre 8 et 11 heures. À Beitem, l’épisode pluvieux livre 32 mm. Il s’agit donc de pluies importantes comme on n’en voit pas souvent.
L’après-midi, les nuages se déchirent et font place à un ciel d’alternance, avec cumulus et cumulonimbus et encore quelques averses. Dans les éclaircies, on voit aussi des cirrus et des altocumulus.
Les températures sont encore très modestes et se situent entre 21 et 23°C en Basse et Moyenne Belgique, et entre 16 et 17°C sur les plus hauts plateaux. Mais cela va vite changer.

2 septembre 2023

Après la dissipation de brouillards matinaux, le temps est assez beau mais encore quelque peu instable, avec des cumulus se développant jusqu’au stade de congestus. À côté des cumulus, on observe aussi quelques bancs d’altocumulus, ainsi que des cirrus, parfois aussi cirrostratus le matin. Au littoral, la convection ne s’enclenche pas.
Sous un vent variable qui, peu à peu prend une dominance nord à nord-est, les températures montent déjà à 24-25°C en plaine et à 21-22°C sur les hauteurs. Il n’y a qu’en bordure immédiate de la mer que les températures restent encore coincées à 20°C.

3 septembre 2023

Dans l’air encore très humide, les brouillards sont plus répandus que la veille et ne se dissipent que lentement. Parfois, il faut attendre la fin de la matinée.
Lors de la dissipation, les stratus fractus se transforment parfois très temporairement en cumulus, sinon le temps est beau avec un voile de cirrus. Sur l’Ardenne et la Gaume, quelques cumulus restent présents en journée.
Avec la formation d’une cellule anticyclonique s’étendant de l’Irlande à l’Allemagne, les vents prennent une prédominance orientale et les températures restent à un niveau assez élevé pour la saison, de l’ordre de 24 à 25°C en plaine (22°C en bordure immédiate de la mer) et de 22 à 23°C sur les hauteurs. Localement en Campine, mais aussi le long de la frontière française, on observe 25 à 26°C.
Dans cette phase encore fort humide, le ressenti de ces températures est plus chaud que ce qu’indiquent les thermomètres.

4 septembre 2023

L’influence anticyclonique se renforce sur nos régions, avec des hautes pressions désormais sur l’Allemagne et la Pologne.
Le temps est très beau, avec des cirrus et, parfois, quelques cirrocumulus et altocumulus à tendance lenticulaire.
Après une nuit localement bien fraîche (5,5°C à Elsenborn ; 8,4°C à Dourbes ; 8,7°C à Genk), les maxima gagnent encore quelques degrés par rapport à la veille et se situent entre 25 et 27°C en plaine (24°C en bordure de mer) et entre 24 et 25°C sur les hauteurs.


Cerfontaine à 18 heures

Les vents soufflent d’est à nord-est, avec une forte tendance sud-est sur les Hauts Plateaux. Ces vents de sud-est acheminent déjà un air exceptionnellement chaud en altitude, avec 25°C à 1000 mètres d’altitude au-dessus de Beauvechain, et encore 21°C à 1590 mètres (niveau 850 hPa). Cette dernière valeur est un record, mais il sera déjà battu le lendemain…

5 septembre 2023

Il fait très chaud à présent, avec un ciel généralement serein hormis quelques rares cirrus. On peut même parler d’un véritable jour de canicule (T° ≥ 30°C) en de nombreux endroits En effet, sous un vent d’est à sud-est, les températures se situent entre 29 et 31°C, localement 32°C en plaine ; entre 27 et 28°C au littoral (où souffle temporairement une petite brise de mer de nord-est) et entre 26 et 28°C sur les hauteurs.

Les valeurs les plus élevées du jour :

La Hestre : 31,8°C
Hastière : 31,5°C
Bierset : 31,4°C
Uccle et Genk : 30,9°C

En Flandre, les températures n’atteignent souvent tout juste pas les 30°C, avec par exemple 29,7°C à Passendaele ; 29,6°C à Stabroek et 29,5°C à Semmerzake. Kleine Brogel, pour une fois, ne fait pas mieux avec 29,6°C.
En altitude par contre, les valeurs sont à présent tout à fait extrêmes, notamment au niveau 850 hPa. Juste au-dessus d’une inversion située à 1200 mètres d’altitude, la température atteint 26°C à Beauvechain pendant que 23°C sont atteints au niveau 850 hPa à 1580 mètres. C’est inédit en septembre. Le dernier record, à ce niveau, remonte au 24 septembre 1983 avec 19°C. Autrement dit, le record est pulvérisé !

6 septembre 2023

Les pressions sont hautes sur le Continent, et basses sur l’Océan (mais loin au large).
Le flux d’air chaud se maintient et les vents continuent à souffler d’est à sud-est, avec plus tard une tendance nord-est en plaine en fin d’après-midi et en soirée.
Le ciel est presque serein, avec à nouveau quelques rares cirrus. Les températures sont un brin plus basses que la veille et se situent entre 29 et 30°C en plaine et entre 27 et 28°C au littoral. Sur les Hautes-Fagnes par contre, on a même gagné un petit degré avec un maximum de 27,6°C à Mont-Rigi.

En plaine, certaines stations enregistrent leur deuxième jour consécutif avec 30°C ou plus, ce qui est rare en septembre. C’est notamment le cas à Uccle (30,9°C et 30,1°C), Gosselies (30,2°C et 30,0°C), Strée-Huy (30,6°C et 30,9°C) et Sint-Katelijne-Waver (30,4°C et 30,4°C).


Ambiance estivale sur la place de l’Altitude Cent à Forest.

Crédit photo : Robert Vilmos.

Malgré une bonne petite humidité des basses couches, l’inversion empêche toute formation de cumulus. Au-dessus de cette inversion, l’air reste exceptionnellement chaud, avec encore 22°C au niveau 850 hPa (1570 m). Au niveau 700 hPa (3220 m), un nouveau record de septembre vient même d’être battu, avec 12°C. Tous mois confondus, cette valeur égale les 12°C observés à ce niveau le 29 juin 2019, lorsqu’une portion de la canicule extrême française s’est retrouvé dans les moyennes couches de notre atmosphère à nous.
Autant dire que pour un mois de septembre, cette valeur est aussi hors normes.

7 septembre 2023

Le noyau de l’anticyclone se trouve à présent sur la Mer Baltique. Le vent souffle d’est à sud-est et l’air acheminé continue à être chaud. Sous un ciel désormais tout à fait serein (sauf au littoral où l’on observe encore quelques rares cirrus), les maxima atteignent 29 à 30°C, localement 31°C en plaine, 25 à 28°C sur les hauteurs et 27 à 28°C au littoral.


Au Coq, les gens vont encore à la plage.

Pour Uccle, cela fait le troisième jour consécutif où la température dépasse les 30°C. C’est vrai aussi pour Sint-Katelijne-Waver et Strée-Huy.
En altitude, les températures demeurent exceptionnellement élevées, mais l’inversion reste coriace. Si elle avait été résorbée, les températures auraient même dépassé 35°C en plaine.

8 septembre 2023

Les pressions restent hautes sur le continent. Quelques cirrus progressent depuis l’ouest et deviennent visibles à l’horizon au centre du pays à la mi-journée, sinon le ciel est serein. En après-midi et en soirée, ces cirrus avancent encore un peu, mais n’atteignent pas l’est du pays.
Sous des vents variables avec, notamment dans le courant de l’après-midi, une petite tendance ouest à nord-ouest, les températures montent à nouveau à l’intérieur des terres, avec 29 à 31°C en plaine et 26 à 28°C sur les hauteurs. Au littoral par contre, ce changement attise la brise de mer et les températures ne dépassent pas 24 à 25°C.

9 septembre 2023

Il fait plus chaud que les jours précédents, avec souvent 31 à 33°C en plaine et 27°C sur les hauteurs. Sur la frange nord des plaines, les températures sont un peu moins hautes avec 29 à 30°C. Aux abords immédiats de la mer, une petite brise de mer de nord-est limite la chaleur à 28°C. Mais à quelques centaines de mètres vers l’intérieur, le thermomètre dépasse déjà les 30°C.
À l’intérieur des terres, les vents sont variables et le ciel est serein ou presque, avec des cirrus sur l’ouest. L’après-midi, des cumulus humilis se développent, dont quelques-uns atteignent le stade mediocris, notamment en Ardenne et plus isolément sur le centre du pays.


Beausaint à 17 heures

Des nappes de brouillard et de stratus, qui étaient présents le matin sur les Pays-Bas, n’ont tout juste pas atteint notre pays. Mais quelques brouillards ont quand même été observés sur le nord et le nord-est du pays.

10 septembre 2023

Des vents de sud-est à sud continuent d’acheminer de l’air très chaud. Une petite ligne d’instabilité génère quelques cumulus congestus sur l’est du pays, sinon, le temps est très beau, avec cirrus, rares altocumulus et cumulus modestes l’après-midi, le plus souvent humilis, ici et là mediocris. Au littoral, mais aussi à quelques autres endroits du pays, il n’y a pas de cumulus.
Les températures atteignent 30 à 32°C partout en Basse et Moyenne Belgique, y compris au littoral, et 27 à 28°C sur les Hauts Plateaux.
À Uccle, la température atteint 31,9°C. Elle arrive en troisième position parmi les températures les plus élevées de septembre, après les 34,3°C du 15 septembre 2020 et les 32,8°C du 4 septembre 1929.
Mais à présent, la météo est en passe de changer.


Source : KNMI

11 septembre 2023

Un front froid, qui a abordé notre pays en deuxième partie de nuit, va lentement faire diminuer les températures. Mais en de nombreux endroits, la température parvient encore à franchir les 25°C, si bien que la vague de chaleur va encore prendre ce 11 septembre à son compte, notamment à Uccle (27,6°C).
En Gaume, les 30°C seront même encore atteints. Mais les orages, présents sur l’ouest du pays dès le début de l’après-midi, vont lentement se propager sur le reste du pays et essayer de mettre un terme à la vague de chaleur.

Mais ce ne sera pas encore le cas partout. L’air à l’arrière du front froid n’est pas tellement plus froid, ce qui fait qu’à l’échelon local, les 25°C seront même encore une fois atteints le 12 septembre. À Uccle, cela ne réussira tout juste pas (24,9°C). Pour la station de référence du pays, la vague de chaleur aura bel et bien duré du 4 au 11 septembre.

Bilan de la vague de chaleur (voir aussi ici)

À Uccle, comme précisé, la vague de chaleur comporte 8 jours, en l’occurrence 8 jours d’été dont 6 jours de chaleur, avec un maximum de 31,9°C. Faisons à présent une comparaison avec les autres stations du pays.

De façon générale, les critères d’une vague de chaleur n’ont pas été atteints dans la région côtière, ainsi que dans toutes les parties du pays situées à plus de 200 mètres d’altitude.

Il reste donc en gros la Basse et la Moyenne Belgique. Là, les critères d’une vague de chaleur n’ont (tout juste) pas été atteints dans la partie nord-ouest. Sinon, nous avons le plus souvent une vague de chaleur de 8 jours, avec 3 à 4 jours de chaleur. Localement, nous avons 6 jours de chaleur comme à Uccle. C’est le cas à Sint-Katelijne-Waver et à Schaffen, où la vague de chaleur, par ailleurs, a duré 9 jours. Très localement, nous avons même une vague de chaleur de 10 jours, et la championne est Koersel avec 11 jours, du 2 au 12 septembre. Là, le nombre de jours de chaleur a été de 5, avec une température maximale de 32,9°C ! La plus haute température du pays revient toutefois à Zulzeke avec 33,8°C.

En Haute Belgique, nous n’avons pas eu de vague de chaleur, mais la série de 10 jours d’été consécutifs (avec 1 jour de chaleur) à Bièvre est tout à fait remarquable. À Mont-Rigi, non loin du toit de la Belgique, nous avons eu 7 jours d’été, ce qui est très remarquable aussi.

Pour le centre et le centre-ouest du pays, c’est la vague de chaleur la plus tardive jamais observée. À l’est et au sud du pays, une vague de chaleur équivalente, mais encore plus tardive a déjà été observée en septembre 1947. À Rochefort, il s’agissait de 10 jours d’été, dont 7 jours de chaleur, entre le 11 et le 20 septembre 1947, avec 33,3°C le 19 septembre. Gerdingen-Bree, au Limbourg, et Denée-Maredsous, dans l’entre-Sambre-et-Meuse, ont également connu une vague de chaleur de 10 jours, avec respectivement 5 et 6 jours de chaleur. Dans la première de ces stations, on a observé 32,8°C le 13 septembre ; et dans la seconde, 31,5°C les 13, 15 et 19 septembre.

À Liège, une vague de chaleur encore plus tardive a été observée en 2003, avec 8 jours (du 15 au 22 septembre) à Liège-Angleur et 7 jours (du 16 au 22 septembre) à Liège-Monsin. Lanaken, cette année-là, a aussi connu une vague de chaleur aussi tardive. 


Un septembre exceptionnel dans son ensemble.

Deux nouvelles périodes à températures fort élevées se manifestent encore au milieu et à la fin du mois. Notamment du 25 au 28 septembre, malgré un ciel voilé, nous connaissons à nouveau une période particulièrement douce, avec des températures de 21 à 24°C en Basse et Moyenne Belgique. Ce n’est pas exceptionnel, mais l’addition de toutes ces périodes à températures excédentaires donne quant à elle un mois de septembre tout à fait exceptionnel dans son ensemble.

Ainsi à Uccle, le mois se termine sur une moyenne de 18,8°C, ce qui bat le record de 2006 (18,4°C). Ci-dessous, les chiffres de septembre 2023 confrontés à ceux de septembre 2006.

Température moyenne          18,8°C            18,4°C
Moyenne des maxima           24,0°C            23,4°C
Moyenne des minima            14,1°C            13,8°C
Total des précipitations         64,3 mm         9,6 mm
Jours avec précipitations       8                    7
Heures d’insolation                194h08          160h30

Et à présent, les chiffres de septembre 2023 confrontés à un mois de juillet normal (période de référence : 1991-2020)

Température moyenne          18,8°C            18,7°C
Moyenne des maxima           24,0°C            23,2°C
Moyenne des minima            14,1°C            14,1°C
Total des précipitations         64,3 mm         76,9 mm
Jours avec précipitations       8                    14,3
Heures d’insolation                194h08          203h14

Comme on peut le voir, septembre 2023 n’a rien à envier à un mois d’été et fait bien mieux que septembre 2006, sauf pour les précipitations. 


Et ça continue, encore et encore.

Après ce mois de septembre exceptionnel, une remontée d’air chaud nous vaut non seulement deux journées d’octobre tout à fait remarquables, mais aussi une première décade d’octobre qui est la plus chaude depuis 102 ans !

Voyons cela en détails.

1er octobre 2023

Le temps est très beau avec quelques cirrus, un peu plus nombreux au littoral. Avec un petit vent de sud à sud-ouest, les températures montent déjà fort haut pour la saison, avec le plus souvent 24 à 25°C en plaine (23°C au littoral) et 20 à 22°C sur les hauteurs. Quelques stations enregistrent à nouveau un jour d’été, comme Koersel (25,6°C) et Passendaele (25,1°C). À Uccle, le thermomètre affiche 24,2°C.

 Au Coq, on retourne une fois encore à la plage !

2 octobre 2023

Encore plus chaud !
Sous un ciel parfois voilé de cirrus à tendance cirrostratus et accompagné de quelques altocumulus, parfois castellanus et sous un vent du sud, les températures atteignent 25 à 27°C en plaine (24 à 25°C au littoral) et 23 à 24°C sur les hauteurs. Il s’agit là de valeurs extrêmes pour un mois d’octobre, qui s’approchent souvent des records et les battent parfois.

Ci-dessous : cirrus à très nette tendance cirrostratus au-dessus de Braine-l’Alleud.


Braine-l’Alleud à 16 heures

À Uccle, les 26,5°C sont la troisième valeur plus élevée d’un mois d’octobre, après les 26,9°C du 1er octobre 2011 et les 26,6°C du 1er octobre 1985. Les 26,4°C de Bierset constituent un record : la plus haute valeur depuis le début de la série en 1954, le record précédent étant de 26,3°C le 7 octobre 1965.

Plus remarquable encore : la bouffée d’air chaud de la nuit du 2 au 3 octobre. Alors que la température descend jusqu’à une vingtaine de degrés en fin de soirée, elle remonte dans les petites heures du 3 octobre, juste à l’avant du front froid, pour atteindre des valeurs inédites pour une nuit d’octobre.

À 1 heure, on observe déjà 22,0°C à Zeebruges et 21,8°C à Semmerzake. À 2 heures, la température commence à remonter aussi au centre du pays (Uccle passe de 20,3°C à 21,4°C entre 1 et 2 heures). À 3 heures, Bruxelles est en plein dans l’air doux avec 22,6°C (!) à Uccle et 21,5°C à Zaventem. À 4 heures, on observe même 22,7°C (!) à Sint-Katelijne-Waver. À 5 heures, c’est essentiellement le nord et le nord-est du pays qui connaissent des températures élevées, mais déjà un peu moins avec notamment 21,3°C à Schaffen. À Diepenbeek, la température ne redescendra en dessous de 20°C qu’à 7 heures.

C’est unique dans l’histoire climatologique belge en octobre !

En altitude, durant cette nuit du 2 au 3 octobre, les températures sont plus remarquables encore. Entre 400 et 600 mètres, on observe une couche d’air chaud à 24°C. À 1513 mètres (niveau 850 hPa), la température atteint 18°C, ce qui égale le record, à peine vieux d’un an, du 29 octobre 2022. Précédemment, les plus hautes températures relevées à ce niveau en octobre étaient de 17°C le 24 octobre 2019 (1562 m) et de 17°C aussi le 11 octobre 1978 (1570 mètres).

En journée, les températures du 3 octobre redeviennent plus raisonnables avec des maxima généralement atteints le matin et variant entre 18 et 19°C en plaine et entre 15 et 16°C sur les hauteurs. L’après-midi, ces températures baissent encore un peu pour se situer entre 16 et 18°C en plaine et entre 12 et 14°C sur les hauteurs.

Les jours suivants

La période du 4 au 6 octobre se caractérise par un temps souvent voilé de cirrus et de cirrostratus, parfois aussi d’altostratus. En dessous, on observe quelques bancs d’altocumulus et de stratocumulus, et une quantité variable de cumulus, avec ou sans stratocumulus. Les températures maximales diurnes évoluent de 17-18°C à 19-21°C en plaine et de 12-14°C à 14-16°C sur les hauteurs, ce qui reste au-dessus des normes saisonnières.


Braine-l’Alleud, 4 octobre à 16 heures

7 octobre 2023

L’anticyclone reste certes positionné au sud de nos régions, mais les nuages des perturbations qui circulent au nord nous atteignent moins et l’air maritime devient de plus en plus tiède sur notre pays. Après la dispersion des altocumulus et stratocumulus matinaux, les éclaircies se font larges avec encore quelques cirrus. Le soir marque parfois le retour de quelques altocumulus.


Schaerbeek (Bruxelles) à 14 heures

Les températures sont à nouveau très élevées pour la saison, avec le plus souvent 22 à 23°C en plaine et 18 à 19°C sur les hauteurs.
La nuit du 7 au 8 octobre, la température redevient extrême au niveau 850 hPa avec 17°C (1611 m). Il est à noter que jadis, entre 1951 et 2000 (2 sondages par jour), une telle température à ce niveau n’a été observée qu’une seule fois en octobre, en l’occurrence le 11 octobre 1978. De nos jours, comme nous venons de voir, c’est devenu bien plus fréquent.

Les températures en altitude subissent désormais une plus grande variabilité. Les extrêmes de chaleur, pulvérisant parfois des records, sont de plus en plus souvent observés à différents niveaux et différentes saisons, mais parfois aussi des extrêmes de froid comme en avril 2021. L’augmentation des situations de blocage n’est pas étrangère à ce phénomène.

8 octobre 2023

Un anticyclone situé la veille sur l’Islande s’est entre-temps déplacé vers la Mer du Nord pendant que l’autre anticyclone reste en place au sud de nos régions. Un front froid sépare ces deux anticyclones et frôle le nord de notre pays avant de remonter vers les Pays-Bas sous forme de front chaud.


Source : KNMI


De l’air chaud se trouve sur la France et lèche la frontière sud-ouest de la Belgique.
Le ciel est presque le même que la veille. Quelques stratocumulus et altocumulus (pas présents partout) se dispersent en début de matinée, laissant la place à quelques cirrus. L’après-midi, l’on revoit quelques altocumulus, parfois floccus.

Les températures sont les plus élevées sur l’ouest et le sud-ouest, voire le sud du pays avec 24,9°C à Passendaele, 24,2°C à Dourbes et 24,1°C à Beitem. Juste au-delà de la frontière, à Lille, on monte même jusqu’à 26,3°C. Sinon, les températures sont souvent proches de 23°C en plaine et de 21°C sur les hauteurs ainsi qu’en bord de mer. À noter qu’aux Pays-Bas, au nord du front, les maxima sont le plus souvent compris entre 16 et 18°C.

9 octobre 2023

L’anticyclone rempli d’air frais, qui influençait le temps des Pays-Bas la veille, s’est vite déplacé vers le sud-est en perdant de l’importance. Le front est remonté, avec à nouveau une belle avancée de l’air chaud. Mais la présence de nuages, lié à la proximité d’un autre front, nous empêche d’en profiter pleinement.

En effet, le ciel est le plus souvent très voilé de cirrostratus et d’altostratus, auxquels s’ajoutent des bancs d’altocumulus. Les éclaircies arrivent trop tard pour bien faire remonter les températures. Malgré cela, ces dernières dépassent encore les 20°C à peu près partout, pour se situer généralement entre 20 et 22°C en plaine et autour des 20°C sur les hauteurs. Le long de la frontière française, les températures montent localement jusqu’à 25°C.

10 octobre 2023

L’anticyclone reprend le dessus et nous ramène des conditions estivales. Certaines stations observent même un véritable jour d’été. C’est le cas de Passendaele (25,6°C) et de Coxyde (25,3°C). À Lille, on note 27,2°C. De façon générale, les températures atteignent 24 à 25°C en plaine et 20 à 22°C sur les hauteurs. Les valeurs sont élevées même en bordure immédiate de la mer, comme à Zeebruges avec 24,0°C.

Le temps est à nouveau beau avec des cirrus tandis que les altocumulus se dispersent pour la plupart en matinée. Le matin, on a eu aussi quelques bancs de brouillard.

L’air très chaud (pour la saison) est à nouveau resté au sud, avec 28,0°C à Paris-Montsouris. Évreux est même montée jusqu’à 29,3°C. Une autre bulle d’air chaud s’est formée en Allemagne en contrebas de l’Eiffel et des Hautes-Fagnes avec 26,4°C à Cologne-Stammheim et 26,8°C à Bad Neuenahr.

Ceci clôture une nouvelle période particulièrement chaude, en l’occurrence la 1re décade d’octobre, qui avec 16,6°C se situe à la deuxième position derrière un record vieux de 102 ans, en l’occurrence la 1re décade du mois d’octobre 1921 avec 18,3°C. 


2e moitié de l’automne : c’est au tour de la pluie de faire parler d’elle

Les températures, bien qu’encore excédentaires, n’atteingnent plus de valeurs remarquables au cours de cette deuxième moitié de l’automne. La pluie, par contre, fait de plus en plus parler d’elle.

À Uccle, entre le 16 octobre et le 30 novembre, il tombe 202,6 mm d’eau, ce qui constitue un record (précédent record en 1991 avec 194,3 mm). Rien que pour le mois de novembre, on mesure 132,2 mm à Uccle, certes pas un record, mais une valeur qui se retrouve dans le top 10 sur presque 200 ans.

Mais le plus extrême se produit sur l’ouest du pays. À Beerst (près de Dixmude), on relève 274,8 mm de précipitations, ce qui est non seulement un record pour le mois de novembre, mais un record tous mois confondus (la station existe depuis 1951).



Nous voyons sur cette carte que les quantités de précipitations dépassent les 200 mm sur tout l’extrême ouest du pays, mais aussi sur la façade ouest du massif ardennais et sur les Hautes-Fagnes.
Du côté d’Ypres, de Poperinge et directement le long de la frontière française, le gros des précipitations tombe entre la mi-octobre et la mi-novembre. Selon certaines stations de particuliers, plus de 350 mm seraient tombés par endroit sur cette période. Malheureusement, des inondations en sont la conséquence logique.


Le village de Noordschote (entre Dixmude et Poperinge) accessible uniquement par bateau suite à la crue de l’Yser, le 11 novembre 2023. Source : Belgorage

L’Yser qui mesure normalement 15 mètres de largeur, atteint à présent plusieurs kilomètres (jusqu’à 3 à 4 km par endroits), inondant de grandes étendues de cultures et de prairies, mais aussi plusieurs villages. Aux pics de la crue, certaines localités sont même totalement isolées et transformées en îles. La protection civile est notamment déployée avec des pompes à hauts débits pour aider l’eau à s’évacuer au niveau des ponts et des écluses, et pour rehausser certaines digues à l’aide de sacs de sable.

Enfin, terminons par le vent.

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
(Émile Verhaeren)

Le 2 novembre, la tempête Ciaràn s’abat sur notre pays avec des rafales de 112 km/h à Zeebruges, 108 km/h à Beitem et à Chièvres, et encore 101 km/h à Uccle, Stabroek et Humain. En France, cette tempête est bien plus extrême, avec 207 km/h observés à la Pointe du Raz, 161 km/h au Cap Gris Nez et 153 km/h à Boulogne-sur-Mer.


Conclusion

Si la tempête Ciaràn est normale pour la saison et fait partie des tempêtes d’automne et d’hiver que nos contrées ont l’habitude de subir, il n’en est rien pour les températures et les précipitations.

Jusqu’à 2004, la moyenne de la température en automne n’avait jamais dépassé les 12°C. Le record de l’époque date de 1982 avec 12,0°C tout juste. Ce record a été battu en 2005 avec 12,3°C, puis pulvérisé en 2006 avec 13,9°C. Depuis, la valeur jadis extrême de 12,0°C est régulièrement dépassée, comme en 2009 (12,3°C), en 2011 (12,4°C), en 2014 (13,0°C), en 2020 (12,3°C), en 2022 (12,8°C) et en 2023 (13,4°C). En d’autres termes, sur les quatre dernières années, trois ont présenté des automnes plus chauds que l’automne le plus extrême entre 1833 et 2004 ! Cela se passe de commentaires…

Au niveau des précipitations, nous continuons entre le trop peu et le trop plein. En septembre à Uccle, nous avons deux jours à précipitations abondantes (le 1 et le 21), sinon il ne tombe rien ou presque. Cette période à pluies peu fréquentes se poursuit jusqu’au 10 octobre, avec seulement 0,1 mm recueillis au cours de la première décade d’octobre. Après, il se met à pleuvoir à peu près tous les jours et on passe ainsi sans transition d’un déficit à une surabondance des précipitations.

Cette tendance très pluvieuse dépassera en outre la 2e moitié de l’automne 2023 et se poursuivra jusque loin dans l’année 2024, avec de très nombreux mois consécutifs à précipitations excédentaires. 


Sources

IRM : Données de températures, précipitations, etc.
KNMI : Cartes météorologiques
Infoclimat : Données de températures, précipitations, etc.
Kachelmann Wetter : Données de températures, précipitations, etc.
University of Wyoming : Sondages atmosphériques

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