Les jours d'été les plus tardifs en Belgique
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- Publication : samedi 13 octobre 2018 09:22
- Écrit par : Philippe Mievis
On annonce des températures supérieures à 25°C ce 13 octobre 2018. Dans le jargon météo, on appelle ça "un jour d'été". Si tard dans la saison, c'est remarquable, voire exceptionnel.
Mais à propos, quelles sont les jours d'été les plus tardifs en Belgique dans les différentes stations météorologiques ?
La seconde décade de 2017 fut vraiment estivale, comme on peut le voir sur cette vue du Coq,
le 15 octobre 2017. Ce sera durant cette seconde décade de 2017 que la plupart des records
de jour d'été le plus tardif seront battus sur le territoire belge... Sauf pour la Côte belge.
Photo : Webcam du Coq (De Haan).
Le plus souvent, les journées d'été les plus tardives sont observées durant la 2e décade d’octobre. Sur les hauts plateaux, dès une altitude de 400 à 500 mètres, les jours d’été les plus tardifs sont plutôt observés durant la 3e décade de septembre, voire la 2e (Saint-Hubert). Mais à la moindre vallée ou dépression de terrain, les jours d’été redeviennent possibles en octobre, comme par exemple à Elsenborn.
Quelques événements anciens ont fourni des journées d’été très tardives. Ce fut le cas, par exemple, le 18 octobre 1921 où une partie du pays a connu son jour d’été le plus tardif. Selon certaines sources, il s’agit aussi du jour d’été le plus tardif à la station d’Uccle. Cependant, après un récent travail d’homogénéisation des données réalisé par l’IRM, il apparaît que le 18 octobre 1921 reste (un peu) inférieur à ce seuil. Par contre les 27,2°C observés à Maastricht permettent d’affirmer qu’une bonne partie de la Campine, et quelques autres régions encore, ont bien connu un jour d’été le 18 octobre 1921.
Malheureusement, nous ne disposons que de peu d’informations sur les températures effectivement relevées dans les stations belges. Alors qu’un grand nombre de données étaient disponibles jusqu’en 1914, les années de la Grande Guerre et celles qui l’ont immédiatement suivie ont été très pauvres en publications météorologiques. Un grand travail est en train d’être réalisé par BELSPO (SPP Politique scientifique) pour récolter toutes ces données (physiquement) archivées dans les caves de l’IRM et souvent sous forme manuscrite afin de pouvoir compléter nos statistiques (de 1880 à nos jours). Ces travaux seront sans doute publiés dans les années à venir.
Un autre événement significatif est celui du 27 octobre 1937, où il a été « très rare que la température présente aussi tard dans le courant d’octobre un maximum aussi élevé, d’autant plus que l’insolation fut relativement faible ce jour-là (5 heures de soleil) et le vent assez fort (6 mètres par seconde) » (Extrait du Bulletin climatologique de 1937 de l’Institut Royal Météorologique de Belgique).
Même si Bourg-Léopold, en Campine, n’affichait « que » 23,9°C, les 25,2°C mesurés à Maastricht et les 24,4°C d’Aix-La Chapelle laissent supposer que les 25°C aient été atteints ici et là, ce qui est très exceptionnel pour une 3e décade d’octobre.
En 1947 et en 1949, des jours d’été ont été observés à la mi-octobre comme les 26°C de Denée-Maredsous du 13 octobre 1947 ou les 26°C de Bierset du 16 octobre 1949.
Depuis 1950, les jours d’été les plus tardifs se concentrent presque tous sur les années 2001, 2017 et 2018, et occasionnellement sur 1990 (sauf au littoral et sur les reliefs), ce qui nous permet d’établir la liste des dates du dernier jour d’été pour un grand nombre de stations sur la période de 1950 à nos jours.
Middelkerke : 4 octobre 1983 (25,7°C)
Coxyde : 4 octobre 1983 (26,0°C)
Dunkerque (FR) : 16 octobre 2017 (25,9°C)
Beitem : 16 octobre 2017 (25,3°C)
Kruishoutem : 16 octobre 2017 (25,2°C) et 16 octobre 2018 (26,0°C)
Gand (Zelzate) : 16 octobre 2017 (25,9°C)
Lille (FR) : 16 octobre 2017 (25,0°C)
Chièvres : 16 octobre 2018 (25,2°C)
La Hestre : 13 octobre 2001 (25,6°C) [pas de données pour 2018]
Gosselies : 13 octobre 2001 (25,9°C)
Uccle : 16 octobre 2017 (25,7°C) et 16 octobre 2018 (25,6°C)
Zaventem : 16 octobre 2017 (25,0°C)
Beauvechain : 16 octobre 2017 (25,1°C)
Sint-Katelijne-Waver : 16 octobre 2017 (25,9°C) et 16 octobre 2018 (25,1°C)
Deurne : 16 octobre 2017 (26,0°C)
Stabroek : 16 octobre 2017 (25,6°C) et 16 octobre 2018 (25,2°C)
Retie : 16 octobre 2017 (25,0°C) et 16 octobre 2018 (25,6°C)
Schaffen : 16 octobre 2017 (25,6°C) et 16 octobre 2018 (25,7°C)
Gorsem : 16 octobre 2017 (25,8°C) et 16 octobre 2018 (25,2°C)
Koersel : 16 octobre 2017 (26,1°C) et 16 octobre 2018 (26,4°C)
Kleine Brogel : 16 octobre 2017 (25,2°C) et 16 octobre 2018 (25,1°C)
Maastricht (NL) : 16 octobre 2017 (25,5°C) et 16 octobre 2018 (25,1°C)
Angleur : 18 octobre 2014 (25,1°C) *
Bierset : 13 octobre 2018 (25,0°C)
Elsenborn : 2 octobre 2011 (25,1°C)
Mont-Rigi : 21 septembre 2003 (25,1°C)
Spa : 24 septembre 1983 (25,4°C)
Hastière : 16 octobre 2017 (25,0°C) et 16 octobre 2018 (25,0°C)
Florennes : 2 octobre 2011 (25,0°C)
Dourbes : 16 octobre 2018 (25,1°C)
Saint-Hubert : 20 septembre 2003 (25,8°C)
Buzenol : 13 octobre 2018 (25,1°C)
Aubange : 14 octobre 2018 (25,2°C)
Luxembourg (LU) : 2 octobre 2011 (26,0°C)
Potentiellement, un jour d’été a pu être observé plus tard encore dans la saison, mais ce n’est pas confirmé dans les données officielles (publiées). Ainsi, les 21 et 22 octobre 2012, le 22 octobre 2013, le 26 octobre 2006 et le 30 octobre 2005 ont connu des températures de 24°C ou plus sur le réseau thermométrique belge. Le 22 octobre 2012, Couvin manque de peu un jour d’été avec 24,8°C, tandis qu’Elsenborn et Hockay, malgré l’altitude, enregistrent 24,0°C. Le 22 octobre 2013, c’est au tour d’Angleur de manquer de peu son jour d’été, avec 24,8°C également. Là, c’est la vallée de la Meuse qui fait de belles performances, avec 24,2°C à Monsin et 24,0°C à Hastière.
Nous pouvons donc résumer par ce qui suit :
Parmi les données officielles publiées, c’est Angleur qui est champion, avec son jour d’été le plus tardif le 18 octobre 2014 (et paradoxalement, le seuil du jour d’été n’y sera pas atteint en octobre 2017). Suit un gros peloton de stations avec leur jour d’été le plus tardif le 16 octobre 2017. Sinon, c’est le 16 octobre 2018, le 13 octobre 2001 ou le 12 octobre 1990 qui assume ce rôle. Au littoral ou sur les reliefs, le jour d’été le plus tardif se situe plus tôt, au début du mois d’octobre voire au mois de septembre.
Potentiellement, et sur une échelle très locale, la date du 18 octobre 2014 d’Angleur pourrait être égalée par le 18 octobre 1921, ou dépassée par le 21 octobre 2012, le 22 octobre 2012, le 22 octobre 2013, le 26 octobre 2006, le 27 octobre 1937 ou le 30 octobre 2005.
Et cette année 2018 ?
Belle journée ensoleillée d'octobre, le long de l'Escaut, à Oudenaarde.
Photo : Koen Vandenbussche.
Finalement, ce sera généralement le 16 octobre 2018 que certaines stations du réseau officiel auront battu le record du jour d'été le plus tardif.
Cependant, des records auront été battus le 13 et 14 octobre 2018 :
Bierset : 25,0°C, le 13 octobre 2018
Dourbes : 25,1°C, le 13 octobre 2018
Buzenol : 25,1°C, le 14 octobre 2018
Voici donc les records égalés ou battus le 16 octobre 2018 :
Kruishoutem : 26,0°C
Chièvre : 25,2°C
Uccle : 25,6°C (valeur ex-aequo avec 16 octobre 2017)
Retie : 25,6°C
Schaffen : 25,7°C
Koersel : 26.4°C
Hastière : 25,0°C (valeur ex-aequo avec 16 octobre 2017)
Dernières conclusions
2017 a fourni de nombreux records pour la 2e décade d’octobre, et voilà que 2018 en bat déjà un certain nombre. Est-ce symptomatique du réchauffement climatique ? Oui, mais pas nécessairement. En 1959, on enregistre des températures qui battent (souvent à plates coutures) les records de la 3e décade de février avant que ces records ne soient eux-mêmes battus… en 1960 ! En outre, en 1961, c’est au tour de la 2e décade de février de pulvériser tous les records.
Les températures de 1959, 1960 et 1961 restent jusqu’à nos jours parmi les plus élevées observées en février et la 3e décade notamment n’a pas réussi à faire mieux au cours d’années plus récentes.
À côté de cela, les années 40 ont déjà connu une pluie de records de chaleur, avec de nombreux records battus à la fin mai 1944, à la fin août 1944 (est du pays), à la fin juin 1947, à la mi-septembre 1947, à la mi-avril 1949 et au début septembre 1949. Certains de ses records n’ont toujours pas été battus jusqu’à nos jours, comme les célèbres 36,6°C d’Uccle du 27 juin 1947.
Cela revient à dire que le réchauffement climatique joue certainement un grand rôle dans l’évolution des températures de nos jours, mais on ne peut pas tout lui attribuer.
Merci à Robert Vilmos pour sa contribution à cet article.