Vigilance météo
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Les saisons en Belgique: Hiver

Niveau : initié

Préambule

Les descriptions qui suivent concernent la Basse et la Moyenne Belgique. En Ardenne, il faut rabaisser les températures en fonction de l’altitude, ne pas oublier les inversions dans certains cas et se dire qu’une température de 5°C par temps pluvieux en Basse et Moyenne Belgique peut très bien donner de la neige dans les Hautes Fagnes.


Neige sous un ciel de stratus.
Ambiance typique de la neige en Belgique par temps gris.
(Environs de Bruxelles, Belgique)
Photo : R.Vilmos (Février 1987)




On peut dire, en première analyse, que nos hivers connaissent deux situations atmosphériques caractéristiques.

1- Les situations de flux atlantiques humides, perturbés et doux en provenance de l’ouest, liés à un jet stream tendant à être rectiligne. C’est ce qu’on appelle aussi la situation « zonale » car elle correspond à ce qu’on s’attend normalement dans la « zone » des latitudes moyennes.
2- Les situations de blocage, où ce flux doux, humide et perturbé ne nous parvient plus. Les situations de blocage donnent lieu presque toujours à un temps plus froid. Les courants polaires directs et les courants continentaux de tous types, en provenance du nord-est, de l’est ou du sud-est, correspondent à des situations de blocage.

La caractéristique douce ou froide d’un hiver dépend donc essentiellement de la proportion de ces deux situations fondamentales.

Un mois d’hiver normal comporte, grosso modo, 20 jours de flux d’ouest et 10 jours de situations de blocage. En février, les situations de blocage sont légèrement plus fréquentes.
Un mois d’hiver qui ne connaît (presque) que des flux d’ouest est d’office un mois d’hiver doux. Un mois qui connaîtrait 20 jours de situation de blocage, et seulement 10 jours de flux d’ouest a beaucoup de chances d’être froid. Un mois qui ne connaît (presque) que des situations de blocage a beaucoup de chance d’être très froid. Pour arriver à des extrêmes, il faut toutefois qu’entrent en jeu des critères supplémentaires.

La fréquence des flux d’ouest est donc un facteur essentiel de la qualité d’un hiver. Cette fréquence dépend grandement de la NAO (North Atlantic Oscillation), c’est-à-dire de la différence de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande. Plus cette différence est grande, plus les chances sont élevées d’avoir des flux originaires de l’Atlantique. De nombreux modèles essaient de prévoir cette NAO d’une saison à l’autre. Ce sera sans doute la clé essentielle de la prévision à long terme.

Les flux atlantiques

Les flux atlantiques nous arrivent lorsque le jet stream est plus ou moins rectiligne sur l’Atlantique, orienté d’est en ouest. Le courant général est alors d’ouest et les dépressions se succèdent, amenant leurs zones de pluie sur la Belgique. À moyenne altitude, toutefois, le vent oscille sans cesse de sud-ouest à nord-ouest au gré du passage des dépressions (sud-ouest à l’avant, nord-ouest à l’arrière). Au sol, à la suite de l’effet de frottement, ces directions varient de sud-sud-ouest à ouest-nord-ouest.
Dans ces cas, il va sans dire qu’il pleut régulièrement, des pluies continues dans les secteurs chauds ou occlus des perturbations, et des averses à l’arrière. Les accalmies sont généralement de courte durée car les perturbations se succèdent les unes aux autres. Les températures oscillent généralement entre 5 et 10°C de jour comme de nuit, un peu plus dans les secteurs chauds, un peu moins en cas d’éclaircie nocturne, mais le gel reste rare.

Il existe toutefois des variantes dans ces situations perturbées. Le jet-stream est rarement tout à fait rectiligne, il suit souvent une grande onde dite de Rossby.
- Celle-ci peut se manifester comme un creux sur l’Atlantique. Dès lors, le courant, après avoir contourné ce creux par le bas, nous revient par le sud-ouest. Cette situation se caractérise notamment par une dépression mère qui reste plus ou moins stationnaire près de l’Islande, tandis que les perturbations qui nous arrivent sont souvent le fait de dépressions secondaires. L’anticyclone des Açores, dans ce cas, est situé très bas en latitude mais tend à développer des crêtes vers l’Afrique du Nord, puis la Méditerranée orientale.
Au sol, le vent tend alors à souffler de sud-sud-est à l’avant des perturbations et de sud-ouest à l’arrière. Le temps est le même que par courants d’ouest, sauf qu’il fait encore plus doux. Dans les secteurs chauds, la température peut alors atteindre 14 à 15°C, et encore dépasser 10°C à l’arrière des perturbations, dans de l’air polaire très indirect et fortement réchauffé par l’océan à des latitudes méridionales.
- En d’autres moments, l’onde de Rossby peut se manifester comme une crête sur l’océan. Dans ce cas, le flux, après avoir contourné la crête par le nord, nous parvient du nord-ouest. On observe alors typiquement une dépression stationnaire sur la Scandinavie tandis que l’anticyclone des Açores est très développé vers le nord, jusqu’au large de l’Irlande généralement. Le temps que nous subissons dans ce cas est encore une fois le même, mais cette fois-ci avec des températures plus froides. Dans les secteurs chauds, la température n’atteint plus 10°C tandis qu’elle se rapproche de 0°C à l’arrière des perturbations, surtout la nuit. Des averses de neige sont alors possibles. Cette neige ne tient pas toutefois, ou se limite à des enneigements de courte durée, sauf dans les Hautes Fagnes

Ces courants océaniques peuvent aussi être plus ou moins forts, en fonction de la force du jet stream et de la différence de pression entre les anticyclones et les dépressions, ainsi que du rapprochement plus ou moins grand de ceux-ci.
Un flux d’ouest fort est responsable de nombreuses tempêtes qui se succèdent, comme on en a connus en janvier et février 1990.
Un flux plus faible a, quant à lui, tendance à remonter vers le nord, en même temps que l’anticyclone des Açores. Les perturbations nous atteignent toujours, mais sous une forme affaiblie, avec beaucoup de brumes et de bruines. La douceur des secteurs chauds est alors souvent masquée, au sol, par une inversion. Les températures typiques de cette situation oscillent entre 5 et 7°C avec un ciel tout le temps gris, du brouillard et de la bruine dans les secteurs chauds, des stratocumulus à l’arrière des perturbations, avec parfois encore un cumulonimbus égaré donnant une averse .


Les situations de blocage

Deux types de situations de blocage peuvent se présenter :
les blocages « oméga » et les blocages « high over low ».

- Une situation « oméga » est caractérisée par une crête s’étendant très loin vers le nord (bien plus que les ondes Rossby décrites dans les cas précédents), entourée à l’ouest et à l’est par des creux tout aussi amples, descendant très loin vers le sud.
Le tout ressemble plus ou moins à la lettre « oméga ».
C’est la position précise de cet « Oméga » qui détermine le temps sur nos régions.

Deux positions classiques :
a. La crête principale se trouve à l’ouest de nos régions. C’est le cas typique des courants polaires directs, tournant autour de la crête et nous revenant droit du nord. C’est la meilleure situation pour les averses de neige, avec des températures tournant constamment autour de 0°C. Dans les dernières années, nous en avons surtout bénéficié en décembre 1998 et en février 1999, avec d’importantes couches au sol, même 20 cm le 6 décembre 1998. Parfois, de l’air arctique encore plus froid nous atteint avec un gel permanent en dépit du passage au-dessus de la Mer du Nord. Cet air est alors précédé d’un « polar low » qui, lui aussi, contourne la crête et dont le centre passe généralement à l’est de nos régions.


Stratus.
Des stratus de turbulence se sont formés le matin à la suite du refroidissement
nocturne sur sol enneigé. Plus tard dans la journée, ils se transformeront en cumulus,
puis en cumulonimbus avec de nouvelles averses de neige
(air polaire direct).
(Environs de Bruxelles, Belgique)
Photo : R.Vilmos (Février 1987)


b. La crête principale se trouve à l’est de nos régions. Dans ce cas, nous sommes soumis à des vents du sud (sud-sud-est, voire sud-est au sol). Comme il s’agit d’air fortement continentalisé, il est en général froid dans les basses couches et c’est le temps typique des inversions, dont l’hiver 2005-2006 en a été un bel exemple. Dans de rares cas, le courant est suffisamment fort pour empêcher ces inversions et nous avons alors droit à un temps ensoleillé et doux, comme les 5 et 6 janvier 1999 où la température a dépassé les 14°C sous un ciel assez bleu. À la fin du mois de février, grâce à un soleil plus fort, le temps beau et doux est plus fréquent, avec des températures pouvant même atteindre 18°C, presque 20°C en février 1960.


Altostratus translucidus.
Ils sont liés à une perturbation atlantique qui a du mal à atteindre notre pays
en raison de la présencede courants de nord-est amenant de l'air continental froid.
(Brabant wallon, Belgique)
Photo : R.Vilmos (Février 1991)


- Une situation « high over low », par contre, est typique des grands froids. En effet, les méandres des flux atmosphériques deviennent tels que des circulations fermées s’en détachent. Il s’agit d’anticyclones remontant vers le nord et de dépressions descendant vers le sud. Notre pays se trouve alors dans une situation atmosphérique inversée par rapport à la normale : des hautes pressions au nord et des basses pressions au sud, d’où le nom « high over low ». C’est le régime de vent d’est, qui nous ramène de l’air de plus en plus froid mais aussi de plus en plus sec. Le gel permanent s’installe alors rapidement. Si la situation perdure suffisamment de temps, ou si elle est suffisamment développée, et soutenue par des anticyclones thermiques au sol, de l’air sibérien peut nous atteindre en provoquant les grands froids. L’air sibérien est surtout reconnaissable par les températures maximales très basses, proches voire inférieures à –10°C et par la turbulence de l’air. En effet, cet air était encore plus froid à l’origine et est devenu instable dans les basses couches avant d’arriver chez nous. Les températures minimales très basses peuvent aussi être atteintes par d’autres masses d’air si les conditions de rayonnement sont bonnes.
La neige, dans ces courants d’est, dépend essentiellement de la position exacte des basses pressions au sud de nos régions. Si celles-ci remontent légèrement, nous pouvons avoir des chutes de neige parfois mêmes abondantes à la suite de retours d’est. Sinon, le temps reste sec. Dans certains cas, la neige peut aussi précéder une situation de « high over low », elle persistera alors au sol tant que dure le froid.
Janvier 1979 et janvier 1985 ont connu des épisodes très froids de « high over low » assortis de beaucoup de neige. Février 1986, janvier 1987 et plus récemment fin décembre 1996-début janvier 1997 ont connu des épisodes très froids pratiquement sans neige.


Du stratus s'est formé dans de l'air continental humide et très froid
stagnant sur notre pays.
(Anvers, Belgique)
Photo : R.Vilmos (Janvier 1987)

Situations intermédiaires

Les situations intermédiaires de transition sont celles où l’on passe d’une situation de blocage à une situation de flux atlantique. Ce sont les cas les plus fréquents de pluies verglaçantes. En effet, lorsqu’une situation de blocage cesse, l’air froid a plus de mal à s’évacuer dans les basses couches que dans les hautes couches. Parfois, un anticyclone thermique peut persister des jours tandis que les perturbations traversent déjà notre pays. Ce fut le cas, notamment, après la vague de froid de 1979, où les pluies sont restées verglaçantes pendant un laps de temps très long.
A l’opposé, lorsqu’une situation de blocage se forme, l’air froid a aussi tendance à atteindre d’abord les basses couches. Du verglas peut se former dans ce cas-là aussi, et celui-ci est alors suivi de neige avant que n’arrive l’air froid et sec dans toute son épaisseur, avec dissipation des nuages. Cette situation s’est notamment produite en février 1985, avant l’arrivée de la deuxième vague de froid de cet hiver.

La neige en hiver ?

Le plus souvent, les hivers pauvres en neige sont les hivers très doux, comme l’hiver désespérant de 1974-1975, mais ce n’est pas toujours le cas. Deux hivers qui comptent parmi les plus durs, en l’occurrence 1890-1891 et 1946-1947 ont également été très pauvres en neige, parce que trop secs.

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