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Vigilance météo
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Les décembres froids : décembre est-il un parent pauvre de l'hiver ?

Niveau : initié
 
Lorsqu’on parle des grandes vagues de froid, le mois de décembre apparaît un peu comme le parent pauvre de l’hiver. En effet, il suffit de consulter les statistiques d’Uccle du 20e siècle pour se rendre compte que les phénomènes de froid se concentrent surtout sur les mois de janvier et février. Dans le hit parade des mois les plus froids, on trouve, en numéro un, février 1956 (–6,1°C), suivi de janvier 1963 (–4,6°C), janvier 1940 (–4,2°C), février 1929 et janvier 1942 (ex-æquo avec –3,6°C), février 1942 (–3,5°C), février 1986 (–3,3°C), janvier 1985 et janvier 1987 (ex-æquo avec –2,8°C), et puis seulement décembre 1933 (–2,7°C).

Pourtant il n’en a pas toujours été ainsi. Au 18e et au 19e siècle, on peut même dire que les grands hivers se concentraient avant tout sur décembre et janvier. Avant 1895, il était rare qu’un mois de février soit vraiment froid et 1855 semble être l’unique exception (série néerlandaise remontant jusqu’à 1706).


Décembre 2003 dans les environs de Tinlot.
Photo : Corentin Leclère.

Parmi les décembres légendaires, il faut d’abord noter celui de 1788, l’hiver précédant la révolution française. Hélas, nous ne disposons que peu de renseignements en ce qui concerne la (encore future) Belgique. Aux Pays-Bas, ce mois de décembre apparaît comme le plus froid de toute la série tandis qu’en région parisienne, il occupe la deuxième position. Dans « La météo d’avant 1900 en Belgique et pays limitrophes » d’Hubert Maldague, on peut lire : « L’hiver est glacial sur la France. Le jour de la Saint-Sylvestre 1788, on relève – 21,5°C à Paris. Il s’est étalé de novembre à janvier cette année, et prend fin par un imposant épisode neigeux ».

Un autre décembre légendaire fut celui de 1879, devenu célèbre à Paris pour ses records de froid imbattables, en l’occurrence –23,9°C à Paris-Montsouris et –25,6°C à Paris-Saint-Maur. Pour cet hiver-là, par chance, nous disposons aussi de nombreuses informations en Belgique et il serait intéressant de s’y arrêter un peu car, outre les records de froid, ce mois de décembre présente des caractéristiques très particulières.

Même si à Bruxelles, ce mois a été un peu moins extrême qu’à Paris, il n’en reste pas moins qu’il s’agit du mois de décembre le plus froid de toute la série depuis 1833, avec une température moyenne de –5,6°C. Dans l’absolu, il s’agit du 3e mois le plus froid, après janvier 1838 (–6,3°C) et février 1956 (–6,1°C). À Paris, avec une moyenne de –7,9°C, c’est de loin le mois le plus froid de toute l’histoire, tous mois confondus. Aux Pays-Bas par contre, ce décembre-là, quoique froid, sort à peine du lot. J’y reviendrai.

En Belgique, décembre 1879 est froid dès le début. Ce sont des dépressions en constante évolution entre le Golfe de Gascogne et les Balkans qui génèrent un important appel d’air froid, matérialisés par des courants de nord-est qui déferlent sur une bonne partie de l’Europe. Les –15,0°C de Furnes du 2 décembre et les –15,2°C d’Arlon annoncent tout de suite la couleur. Les –12,3°C relevés le 3 à Bruxelles appellent déjà beaucoup de commentaires à l’époque. Jamais, on n’avait vu un froid aussi précoce. Pourtant ce n’est qu’un début.

Le 5, quelques faibles chutes de neige sont signalées dans tout le pays, tandis qu’il neige abondamment dans le sud du pays, dans la région d’Arlon. Tout porte à croire qu’il s’agit là d’un retour d’est. Le 8, ce sont l’ouest et le centre du pays qui sont affectés par des chutes de neige, avec un dégel temporaire dans la région côtière, immédiatement suivi de froid intense sur tout le pays. Ici, il s'agit sans doute du passage d'un polar low.

Bien qu’il n’existe pas encore de mesures de neige au sol à l’époque, on peut toutefois déduire, par la quantité de précipitations recueillies, que l’épaisseur de la couche de neige devait tourner autour des 5 à 6 centimètres (voire un peu plus) en Basse et Moyenne Belgique (avec fonte partielle possible au littoral), tandis qu’en Gaume, cette épaisseur devait être d’une quinzaine de centimètres. Nous ne savons toutefois pas si de la neige préexistait, auquel cas il faudrait l’ajouter aux centimètres précités.

Par la suite, des chutes de neige accompagnées d’un nouveau dégel côtier affectent l’ensemble du pays le 11, ajoutant 1 à 2 cm à la couche au sol. Sinon, le temps est généralement sec et de plus en plus anticyclonique, surtout à partir du 12.

Une première nuit très froide, affectant le sud et l’est du pays, est celle du 7 au 8 décembre. Les températures sont tout à fait extrêmes, surtout si tôt en hiver, avec –26,1°C à Lamorteau (près de Virton) et –21,0°C à Wasseige (non loin de l’actuel aéroport de Bierset). À Bruxelles, pendant ce temps, le froid est encore raisonnable, avec –7,7°C tandis que la Campine est déjà plus affectée par cette bulle d’air froid avec –17,7°C à Maaseik (51°06’N, 5°47’E, 33m).

La nuit suivante (8 au 9) est terrible sur tout le pays. Furnes descend jusqu’à –15,5°C, Bruxelles jusqu’à –16,8°C et Maaseik jusqu’à –18,0°C. D’autres lieux, plus sensibles au rayonnement (vallée ou plaine), descendent encore beaucoup plus bas, avec –23,5°C à Gembloux (50°33’N, 4°41’E, 180m), –24,3°C à Zomergem (51°07’N, 3°35’E, 22m – non loin d’Eeklo) et –24,6°C à Lens (non loin de l’actuel aérodrome de Chièvres). En France, cette nuit-là, on relève des minima de –23,9°C à Paris-Montsouris, –25,6°C à Paris-Saint-Maur, –28°C à Orléans et –30°C à Nancy !

La nuit d’après (9 au 10), des poches d’air froid subsistent à Lens avec –24,5°C et à Dinant avec –22,5°C, tandis que Bruxelles « se contente » de –11,3°C. Il est inutile de dire qu’il s’agit des températures les plus basses jamais relevées au mois de décembre. Seuls les –23,1°C du 30 décembre 1950 et les –21,7°C du 3 décembre 1973, tous deux mesurés à Rochefort (50°11’N, 5°13’E, 190m), sont un tant soit peu comparables.

Après le 10 décembre 1879, le froid persiste sur tout le pays pendant toute la deuxième décade de décembre avec, dès le 12, un régime constamment anticyclonique avec des inversions de plus en plus marquées. Régulièrement, la température descend encore en-dessous des –10°C, avec notamment des pointes de –14,6°C à Maaseik le 11, –15,0°C à Arlon (49°41’N, 5°50’E, 416m) le 14, –13,9°C le 17 à Furnes (51°04’N, 2°39’E, 6m), –14,5°C le 17 également à Bruxelles et –18,7°C le 20 à Arlon.

Ce qui est particulièrement intéressant, pendant cette période, c’est que cet air froid se met à stagner sur le continent, principalement au sud de nos régions (avec un froid qui s’auto-entretient), alors que le nord devient de plus en plus doux. Ce pôle méridional du froid correspond à peu près aux noyaux de l’anticyclone tandis que notre pays se trouve déjà à la limite des courants de sud-ouest, encore froids dans les basses couches chez nous, déjà plus doux aux Pays-Bas et carrément doux en Scandinavie, où il gèle en peu d’endroits pendant une longue période.

C’est ainsi que le 14 décembre, alors qu’il gèle à pierre fendre sur la France et l’Allemagne, la température monte jusqu’à 8°C à Kristiansund en Norvège, par 64° de latitude nord, et le dégel s’étend jusqu’en Laponie ! Le 17, les températures redescendent à nouveau jusqu’à –20°C à Karlsruhe et –21,2°C à Paris, alors qu’il fait toujours doux dans le nord. Le 20 décembre, la forte inversion qui règne sous la « patate » anticyclonique se matérialise par un +5°C observé au sommet du Puy de Dôme (1465m), tandis que Clermont-Ferrand note –15°C. Un dégel diurne est même noté au sommet du Pic du Midi (2877m).
 


Paris complètement paralysé sous la neige, lors de ce terrible décembre 1879.
Source : http://www.meteopassion.com/decembre-1879.php.

Dans nos contrées, la troisième décade du mois est marquée par un lent déclin du froid, mais le dégel n’interviendra que le 28, tandis que le véritable redoux se produira le 31 décembre, avec près de 10°C le 1er janvier 1880.

Un autre décembre très froid est celui de 1890 (–4,6°C à Uccle), surtout connu par les férus de littérature en Flandre et aux Pays-Bas grâce au livre de Herman De Man « De barre winter van negentig » (Le rude hiver de nonante). Ce décembre est très différent de celui de 1879, constamment froid mais sans extrêmes très marqués. En plus, ce mois n’aura pas été du goût de la plupart des hivernophiles parce qu’il est pratiquement sans neige. Jusqu’au 18, il n’y en aura même pas du tout au centre du pays, les seules précipitations tombant lors d’une des rares périodes de dégel. À partir du 18, des traces de neige au sol subsisteront jusqu’au 24, avant qu’une mince couche couvrant tout le sol n’apparaisse, persistant jusqu’à la fin du mois (un tout petit Noël blanc donc). Hélas, nous ne disposons pas de données sur la situation neigeuse en Ardenne. Pour Uccle, on peut en conclure qu’il s’agit d’un mois sec (12,5 mm de précipitations), ensoleillé (76 heures) et insupportablement froid sans qu’il n’y ait eu de véritable neige, ni de véritables extrêmes (et c’est encore Uccle qui a l’une des températures les plus froides du pays, avec –16,2°C le 30, pas de froid radiatif donc).

Au 20e siècle, le seul mois de décembre véritablement froid dans sa totalité a été celui de 1933 (–2,7°C). Ce mois-là, par ailleurs, ressemble assez fort à celui de 1890, très sec et assez ensoleillé, avec un froid constant sans véritables extrêmes et pauvre en neige. En outre, le froid a été par moment particulièrement insupportable en raison du vent, notamment au début et au milieu du mois. En effet, des dépressions en moyenne sur la Méditerranée, associées à une mince bande anticyclonique au nord de nos régions, ont provoqués des vents presque constamment orientés au nord-est ou à l’est. Un retour d’est, inclus dans les courants forts et très froids au milieu du mois, nous a valu 4 cm de neige le matin du 15, neige qui se sublimera peu à peu par la suite, avant qu’un nouveau dégel temporaire n’en vienne quasiment à bout le 19. À partir de cette date, des infiltrations océaniques sous régime anticyclonique marqueront la fin du grand froid, avec un vent devenant faible de secteur nord. Par la suite, une dépression se déplacera de l’Angleterre vers l’Italie tandis qu’une autre continuera à séjourner au nord-ouest de l’Europe. Cette situation barique ambiguë ne permettra pas au dégel de s’imposer vraiment, avec de faibles précipitations pluvio-neigeuses et, soudain, de très fortes chutes de neige sur l’ouest du pays dans la soirée 30, seul événement neigeux significatif, par ailleurs, au cours de ce mois.
 

Décembre 1933, s’il a été en moyenne très froid, n’a toutefois pas présenté de températures vraiment extrêmes. Seuls les –20°C de Houffalize (50°08’N, 5°47’E, 330m) méritent une mention. Le 5 décembre, des températures assez élevées (6 à 8°C) ont été observées en Ardenne au-dessus de l’inversion. Partout ailleurs, la température n’a guère dépassé les 5°C durant tout le mois, avec 15 jours de gel quasi ininterrompu même en Moyenne Belgique.

1933 a connu pour la dernière fois un véritable mois de décembre froid, avec un moyenne des maxima proche de 0°C à Uccle. Cela ne veut pas dire pour autant que les épisodes froids n’ont plus existé en décembre par la suite, mais ils ne concernaient désormais plus qu’une partie du mois, et ils étaient souvent compensés par des épisodes très doux à un autre moment du même mois. Tel fut le cas, par exemple, en 1938, où une vague de froid très marquée a suivi une période de temps particulièrement doux, pour donner au final un mois de décembre que légèrement en-dessous des normes saisonnières. Pourtant, pour les hivernophiles, ce mois était certainement préférable à décembre 1890 ou décembre 1933.

En effet, après une longue période de temps pluvieux et doux, le temps devient d’abord plus doux encore sous l’impulsion de courants d’origine méditerranéenne circulant à l’est de perturbations venant mourir aux abords du continent. Le 11 notamment, le temps est particulièrement printanier, avec pas mal de soleil et des températures de 13°C à Ostende, et de 14 à 15°C à l’intérieur du pays. Les deux jours suivants, le ciel devient très nuageux avec parfois de faibles précipitations, mais la température gagne encore quelques degrés par endroits, avec jusqu’à 16°C en Campine !

Ce blocage, qui maintient les perturbations à l’ouest de nos régions et achemine cet air très doux, permet également à un anticyclone russe de se développer et sera responsable, dans un deuxième temps, pour une chute très brutale des températures. En effet le vent, orienté en moyenne au sud entre le 7 et le 15 décembre, bascule au sud-est le 16, à l’est le 17 et à l’est-nord-est à partir du 18. Dès le 17, le ciel est assez dégagé et le gel s’installe de façon permanente, et devient rapidement très intense. Les 19 et 20 sont des journées terribles, avec un vent soufflant fort et des températures inférieures à –10°C en journée sur presque tout le pays. Même à Ostende, les maxima sont, respectivement, de –9,8°C et –9,7°C tandis qu’à Uccle, les valeurs ne dépassent pas –10°C les deux jours. La nuit, en raison du vent, la répartition des températures reste assez homogène, autour de –15°C en Basse et Moyenne Belgique et autour de –20°C dans les Hautes Fagnes (–20,7°C à la Baraque Michel).

Le 19 connaît encore de belles éclaircies, avec quelques flocons de neige, tandis que le 20, le ciel se couvre et une neige très sèche tombera la nuit suivante, avec 5 cm au sol à Uccle le matin du 21. Puis, après un répit ensoleillé et encore très froid en journée (–8°C), la neige se remettra à tomber et 10 cm seront observés le 22 au soir. Il s’agit là de retours d’est naissant sur l’Italie et arrivant chez nous via l’Allemagne. Pendant ce temps, le vent, quoique plus faible, continue à souffler de nord-est (en dehors de quelques brefs épisodes entre le sud-est et le sud-ouest) et le temps reste très froid, avec des maxima inférieurs à –5°C et des minima inférieurs à –10°C jusqu’au 24 inclus. Il s’agit donc là d’un magnifique Noël blanc, tout à fait hivernal, avec du même du beau temps le 25. Par après, le froid s’atténuera peu à peu, de nouvelles chutes de neige seront observées avant que ne revienne la pluie à partir du 28.

Le mois de janvier 1939 qui suit sera à nouveau très doux par moments, avec jusqu’à 14°C à Uccle le 15, ce qui fait que l’hiver 1938-39 présente un caractère très particulier.

Dans les années suivantes, trois très grands hivers (1939-40, 1941-42 et 1946-47) ne feront qu’effleurer décembre, et aucun des trois ne donnera un Noël blanc.

Il faudra attendre 1950 pour revoir un épisode froid très significatif en décembre. Cependant, comme la 3e décade est la seule à en être vraiment affectée, la moyenne du mois n’est pas excessivement déficitaire (« très anormalement » basse mais pas « exceptionnelle »). Par contre, la neige tombe en abondance dès le 15, donne une accumulation de 18 cm le 18 à Uccle, puis restera au sol jusqu’à la fin du mois. À partir du 20, le vent soufflera constamment de l’est ou du nord-est et donnera un froid d’abord modéré, puis très intense à la fin du mois avec des valeurs proches de –17°C au centre du pays et jusqu’à –23,1°C à Rochefort. Au Mont-Rigi, pendant ce temps, la température ne descend pas en-dessous de –17,7°C.

Le grand hiver 1962-63, comme ses prédécesseurs, ne fera qu’effleurer décembre tandis que onze ans plus tard, un tout petit hiver plutôt doux réussira à nouveau à donner des valeurs basses significatives sur certaines régions du pays en décembre et ce, sous un épais manteau neigeux généralisé. Il s’agit du début décembre 1973 où, après des courants polaires directs qui ont persisté des jours et des jours, un anticyclone réussit enfin à prendre le dessus et sera responsable de deux nuits radiatives très intenses. À Rochefort, la température descendra jusqu’à –21,7°C tandis qu’on notera –16,2°C à Virton, –16,0°C à Braine-L’Alleud (Brabant Wallon) et encore –14,2°C à Deurne. Ce sont là de températures très basses pour un début décembre (valeurs mesurées à la date du 2 ou du 3 selon les lieux). Hélas, le dégel s’installera à peu près partout dès la nuit du 3 au 4, l’épaisse couche de neige fondra en quelques jours et l’hiver 1973-74 ne donnera plus rien par la suite.
 

Beaulieu, en province de Luxembourg en début janvier 1979. Une vague de froid intense qui aura débuté...
le 31 décembre 1978, avec une chute vertigineuse des températures en 24h.
Photo : L. Tenaerts.
 
Après cela, en dépit de périodes froides sporadiques (et de maxima très bas relevés le 31 décembre 1978 dans le cadre d’une vague de froid qui, à nouveau, concernera principalement le mois suivant), plus aucune valeur froide significative ne sera observée en décembre, à l’exception de 2001, où des poches d’air très froid, présentes sur l’Alsace et l’ouest de l’Allemagne, déborderont sur le sud-est de notre pays. Dans la province du Luxembourg, la température descendra même en-dessous des –20°C le matin du 24, comme à Givry avec –20,2°C. Très localement, des valeurs jusqu’à –23°C sont signalées. À Virton, le minimum descend jusqu’à –17,6°C, où c’est la valeur la plus basse de la série, disponible depuis 1953. 

Quelques températures assez basses sont également enregistrées dans les provinces de Namur et de Liège (Rochefort : –15,0°C ; Elsenborn : –15,6°C), sans qu’on puisse parler là de phénomènes exceptionnels. Le reste du pays ne verra pour ainsi dire rien de cette vague de froid. Par contre, les hauteurs ardennaises connaissent un magnifique Noël blanc. À Spa, le sol est constamment enneigé du 20 jusqu’à la fin du mois, avec un maximum de 28 cm le 27 au soir. À Noël, la couche est de 22 cm le 24 au soir et de 16 cm le 25 au matin. À Elsenborn, la couche est de 35 cm le 25 au matin (maximum : 58 cm le 27 au soir).

Complétons encore, pour l’anecdote, que les Hautes Fagnes connaîtront à nouveau un Noël blanc en 2003, avant celui de 2009 et surtout celui de 2010, le plus remarquable pour le pays depuis celui de 1964. D'ailleurs entre 1964 et 2009 (et 2010), seul 1986 peut être comptabilisé comme Noël blanc pour le centre du pays.
 
Décembre 2009 mérite que l'on s'y arrête : si la moyenne est restée dans les normales, il aura été fort contrasté : après une première quinzaine très douce, la seconde partie aura été froide, et neigeuse : notre pays y a d'ailleurs connu la première vague de froid de cet hiver 2009-2010 : en effet, le froid et la neige concerneront encore la suite de cet hiver durant les mois qui suivront.
 
Quant à décembre 2010, il apparait un peu comme l'exception qui confirme la règle !
Mois hivernal par excellence, conjuguant froid et neige, il restera dans les annales.

Le mois de décembre 2010 restera surtout dans les mémoires comme le mois de la neige (voir notre article à ce sujet ici). Outre le fait que les 23 jours de neige ont pulvérisé tous les records à Uccle (précédent record : 15 jours en 1950), l’enneigement au sol a été exceptionnel aussi, et ce en de nombreux endroits du pays.
À Uccle, le sol a été enneigé pendant 27 jours sur 31, fait unique en décembre depuis le début des relevés réguliers (à 8 heures du matin) en 1889. Le précédent record datait de 1950 également, avec 26 jours. Décembre 1925 arrive en 3e position avec 23 jours. Ce qui est remarquable aussi, c’est le nombre de jours où le sol a été entièrement couvert de neige, en l’occurrence 25. Une fois encore, seul décembre 1950 a réussi à s’en approcher, avec 23 jours.
Au niveau des températures, le mois a été exceptionnel aussi, surtout dans le contexte de réchauffement climatique que l’on connaît actuellement. Avec une moyenne de –0,8°C, le mois sort tout à fait du lot par rapport aux années récentes, et il faut remonter à 1950 pour trouver un mois de décembre plus froid (–1,2°C).

Voilà. Comme vous voyez, décembre a été nettement désavantagé par rapport à janvier et février au cours des 120 dernières années (depuis 1895), sans pour autant que les phénomènes hivernaux ne soient vraiment absents. Il n’existe pas d’explication pour le glissement des vagues de froid de la période de décembre-janvier à la période janvier-février vers la fin du 19e siècle. Cela ne se répercute d’ailleurs pas dans les moyennes (différences à peu près constantes entre décembre et janvier comme entre janvier et février). Très probablement, il ne s'agit là que d’un hasard statistique, d’autant plus que des phénomènes de froid significatifs ont été observés en mars dans le courant du 19e siècle (principalement en 1845), ce qui conforte la thèse que février a été (relativement) épargnée des vagues de froid tout à fait par hasard au cours des 18e et 19e siècles. Et il n’est donc pas du tout exclu que ce soit le cas pour décembre actuellement… et que donc un décembre très froid peut encore nous tomber dessus un de ces quatre : d'ailleurs le récent décembre 2010 le prouve bien !
 
201012DavidHerten
Un mois de décembre 2010 qui restera dans les annales, froid et neigeux, avec un Noël blanc historique.
Photo : David Herten.

 

 Un merci tout particulier à Robert Vilmos pour l'excellent travail rédactionnel et de recherche préparatoire à cet article.

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